formation alpi hivernal : TA au charmant som

le 8 novembre 2019 , par Jean-Louis VIDEAU , 1030 vues

Rendez-vous avait été pris à 7h00 au parking de l’anneau de vitesse. A l’heure dite, je retrouve Jean-Louis, stoïque, sous une pluie battante, qui guettait mon arrivée. Dans la voiture, Sandrine, qui assistera Jean-Louis pour cette sortie, et Ujwol, débutant pour ce cycle comme moi, nous attendent. Etant donné les trombes d’eau qui tombent, Jean-Louis propose de passer au local du CAF pour aborder au sec les techniques d’encordement et la pose de relais. On avisera ensuite si on poursuit au Charmant Som. Au local, Sandrine nous présente le matériel utilisé pour réaliser un point d’assurage, l’un des objectifs de la journée : des sangles de 120 cm avec mousqueton, qu’on utilise pour réaliser un point d’assurage autour d’un « becquet » (saillie rocheuse), ou dans une lunule, et que l’on porte autour du buste lors de la progression pour les avoir facilement à disposition, et des coinceurs de toute taille (que l’on porte également autour du buste lors de la progression rassemblés sur un mousqueton accroché à une sangle afin de pouvoir les tester plus facilement), qui, comme leur nom l’indique, viennent se coincer dans des fissures de la roche. On utilise les coinceurs avec des dégaines plus longues qu’en escalade traditionnelle, pour éviter notamment que la corde ne vienne trop secouer le coinceur ou la sangle passée autour d’un becquet, et ainsi faire sauter le point d’assurage. On évoque alors l’effet de tirage de la corde, fréquent en alpinisme où les points d’assurage suivent parfois un chemin tortueux.
Sandrine nous montre ensuite comment réaliser un relais avec un anneau de corde dynamique de 240 cm, et des nœuds judicieusement placés (le premier à hauteur d’œil, etc.). Jean-Louis insiste sur la nécessité d’avoir un matériel simple, permettant des usages multiples, plutôt qu’un matériel trop spécifique. On apprend à se longer directement avec la corde (et non avec une longe), sur un mousqueton en forme de poire (HMS), en faisant un nœud de cabestan (d’une seule main), et ensuite, à poser une plaquette à l’aide de deux autres mousquetons, afin de permettre l’auto-assurage du second, le grimpeur de tête se contentant alors d’avaler la corde.
Enfin, on apprend quelques techniques d’encordement : comment répartir rapidement avec deux mousquetons sa corde en trois brins de longueur égale, comment réaliser des anneaux de corde autour de son buste, comment bloquer les anneaux de manière sécurisée (avec un nœud de pêcheur double), comment réaliser des anneaux rapides, comment mettre et retirer son sac à dos sans avoir à défaire les anneaux, etc.
La pluie a cessé, il est temps de rejoindre notre terrain d’aventure pour la journée.
Sur place, le vent souffle. On s’encorde et on apprend à progresser encordé, à avaler la corde ou à donner du mou quand c’est nécessaire, en montée, comme en descente, afin de garder en permanence la corde bien tendue. Sur des dalles, on s’entraîne à poser des points d’ancrage et à progresser de manière simultanée, le second déséquipant les points posés par le grimpeur de tête. On aborde l’assurage à la taille, et on évoque l’assurage dynamique à utiliser avant la pose du premier point d’assurage. La pose des coinceurs n’est pas évidente, on peine à trouver des fissures qui conviennent. Il faut apprendre à observer le terrain de part et d’autre de la ligne de progression. Jean-Louis nous montre comment faire un point de protection sur becquet avec la corde.
Après une pause déjeuner rapide, on met en pratique ces enseignements un peu plus loin sur la face rocheuse sur Charmant Som, où l’on découvre que le roche peut être très abrasive aussi bien pour la peau que pour les vêtements (Sandrine écope de coupures sur les doigts et Jean-Louis d’un beau trou au genou sur son pantalon de compétition). Le vent est toujours là, tant mieux, car, visiblement, pour une fois, il chasse la pluie. Mis bout à bout, tous les enseignements de la matinée commencent à prendre sens alors qu’on progresse lentement dans la voie. Bien évidemment, on commet des erreurs, que Jean-Louis ne manque pas de relever : on oublie de se longer sur un point d’assurage avant d’assurer à la taille son second qui déséquipe la voie, alors que la pente est bien raide ; on ne tire pas assez franchement la corde, après avoir escaladé une grosse marche, pour indiquer à son second, que l’on ne voit plus et qui ne peut nous entendre à cause du vent, qu’il peut commencer à grimper. Arrivée au sommet vers 15h30 (?). Des randonneurs montés par l’autre versant, plus doux, nous observent ranger nos cordes d’un air interrogateur. Quelques percées à travers les nuages modèlent le paysage. On distingue très bien les pics de Belledone, le Vercors, Grenoble au loin, et les sommets de la Chartreuse qui nous entourent : le Grand Som, la Grande Sure, Chamechaude. Retour à Grenoble vers 17h00. Première sortie concluante. Merci encore à Jean-Louis et à Sandrine.

texte Victor Bailly photo Sandrine Da Col