Vallorin presto, but au bistrot

le 2 mars 2016 , par Antoine GABRIEL , 1698 vues

Est-ce la faim de poudre ? Ou bien les craintes du chassé-croisé des vacanciers ? Toujours est-il qu'on est bien matinaux en ce samedi 20 février pour aller traquer ce couloir N "directissime" des rochers du Vallorin.

Topo :
Ce couloir N-NE des Rochers du Vallorin, c'est le plus beau couloir de Belledonne dixit Willy (mais bon le gars en même temps sa passion c'est les fondues en cabane).
4.2 E1 de 500m 41° max. Déniv 1500m.
Conditions : chutes de neige 3 jours avant, du vent
BRA : Belledonne 2 puis 3 au-dessus de 2300.

Au départ 6h00 de Meylan, la tête dans le cou :

- Mickaël, un rescapé du Pertuis

- Sandro, le skieur chauffeur/faiseur de trace, le mec à avoir dans sa sortie.

- Etienne aka El Presidente

- Moi-même, un peu sur les dents après deux couloirs mythiques / mi-raisin (voir par ailleurs).

Sortie intimiste, donc. Qui commence par une centaine de km dans l'ambiance feutrée du Scenic où chacun finit sa nuit, sauf Sandro qui conduit.

Le jour est déjà bien levé lorsque l'on se gare au pont du Merlet (1050). Un peu frisquet.

On n'a pas encore chaussé que l'on apprend un joli Guenillage présidentiel avec un oubli de crampons d'Etienne. Pas de quoi affoler les compteurs de la Guenille d'Or 16 vu le niveau de cette année, d'autant que cela sera sans conséquence vu les conditions du couloir.

Départ raquettes aux pieds, de bonne heure et de bonne humeur. Il fait (pour l'instant) beau.

Enfin un paysage hivernal

Après 700m de déniv expédiés en quelques minutes (ou presque, non mais sérieux je sais pas si c'est Sandro ou la discut mais franchement c'est passé super vite, à moins qu'ils aient déplacé le pont du Merlet un peu plus haut enfin bref je m'égare je vais vous perdre), nous voilà dans le magnifique vallon du Merlet. Un paysage tout meringué, ça fait du bien cet hiver. Le Grand Jarnalet domine le Nord du vallon, avec le souvenir de ma première grosse sortie Guenille en 2012. De bon augure.

La team Mika, Sandro, Etienne dans le joli vallon du Merlet (Grand Jarnalet à G., Rochers du Vallorin au centre)

On a bien fait de partir tôt, on est seuls dans le vallon (alors qu'on pourrait être bien au chaud dans les bouchons de ce samedi noir dixit les météorologues de la route).

Première info : ça garde bien la poudre ici.

Deuxième info : Etienne tient vraiment à ses points GO2016 (Guenille d'Or et non Grenoble Oisans) puisqu'il sème un gant, heureusement récupéré par Sandro, altruiste limite fayot pour le coup.

Troisième info : va pas falloir jouer trop longtemps au petit poucet because ça commence à se bâcher au fond, plus tôt que prévu.

Le temps change

L'avantage en équipe réduite, c'est qu'il y a zéro inertie. Du coup on arrive vite en vue du couloir. C'est joli. Pas de trace, il semble en conditions. Un chamois nous nargue au pied du couloir. Il nous attend et nous suivra tout le long.

Arrivée en vue du couloir

Y'a 700m, là. Voyez-vous le chamois à la limite de l'ombre ?

Le temps de remonter le cône, et ça y est ça se bâche. Qqes gouttes de pluie même...

Les conditions sont bonnes, la neige est excellente, poudreuse compacte. Le couloir est étroit, bien en NE, il a pas du voir le soleil depuis l'été dernier. On décide d'y aller.

Méfions-nous des contre-pentes et du haut plus raide, ça a soufflé cette semaine.

Sandro fait la trace tant que ça passe en skis. Bien contents, on se relaie derrière. Il neigeotte vaguement.

Sandro prend les devants

Et nous on suit...

Ca commence à brasser. Le chamois nous précède et semble nous narguer depuis ses promontoires.

Notre pote à gauche

Ca se redresse, et après 2500 conversions, Sandro passe les skis sur le dos on va enfin arrêter de zigzaguer et pouvoir monter tout droit.

Action Guenilles !

La pente est à peu près la même qu'au Pertuis ou aux Grands Moulins, mais alors avec la poudre l'ambiance est totalement différente. Autant l'appréhension de perdre un bâton (ou l'équilibre) est nulle avec ce matelas, autant la vigilance nivologique s'impose.

On progresse prudemment...

Mais on a lâché Sandro !

Arrivés 20 m sous le col, les blocs de neige détachés par nos pas se font plus épais. L'enneigement est suffisant pour sortir, peut-être même un peu trop... On se questionne. Etienne partage son inquiétude. L'envie d'aller voir de l'autre côté est forte, mais la sagesse impose de ne pas tenter le diable pour 20 mètres et de profiter sereinement du demi-kilomètre qui plonge sous nos pieds.

On s'arrêtera donc là. Chacun plate-forme à sa guise et nous voilà parés pour un run de cinéma.

On s'arrête sagement quelques mètres sous la sortie

Il est midi. Le topo est simple : le couloir est on ne peut plus rectiligne, c'est chacun son tour sans s'arrêter afin de limiter le risque d'expo, d'autant qu'il n'y pas vraiment d'échappatoire, du moins dans la première partie. Bref, prochain arrêt 700 m plus bas sur la croupe au-delà du cône de déjection. Miam.

A table !

A votre avis quelle est la couleur préférée d'Etienne ?

Mika se prépare

Go-Pro-Sandro !

C'est parti, direct jusqu'au fond !

A tout seigneur tout honneur (oui je sais, ça fayote pas mal), c'est donc Etienne qui a le plaisir d'ouvrir le bal (et éventuellement de déminer).

Privilège de notre notoriété due au Pertuis (salut Matt !), je pars en second, Mickaël en 3.

Sandro, qui est en skis et n'est donc pas venu là pour descendre, fermera la marche.

From inside :

Alors là direct c'est gavade ! On oublie les minauderies des précédentes sorties sur marbre et on envoie le pâté. Prises de vitesse, gerbes de poudre c'est le pied total. On a même le droit à l'erreur, et ce droit je le prends bien entendu ! Big soleil replaqué direct hop on n'a rien vu et c'est reparti en mode bonhomme de neige (je crois entendre le chamois ricaner).

Ca tire un peu sur les cuisses quand-même, pas l'habitude d'enchaîner un couloir d'une traite. Le final dans le cône est pas mal non plus et on en profite pour frôler les skieurs qui montent sagement au col voisin.

Un gros check dans le gant d'Etienne officialise l'arrivée et le droit de reprendre son souffle.

On regarde la descente de Mika et Sandro, avec une petite envie de reviens-y.

C'était bon !

Yo check moi ça, Man ! (en fait aide-moi à me relever)

Le retour se fait tranquille, pique-nique au milieu du vallon et descente forêt bien croutée.

Oui, c'est bien une photo couleur

La couleur du thermos prète à confusion. Sandro consterné...

Arrivée à la voiture à 13h45, un timing de skieur mais qui nous va bien aujourd'hui. Quoique...

 

Epilogue

Se lever tôt c'est bien pour les condices. C'est bien aussi pour éviter les affluences. Mais surtout ça nous laisse le temps de prendre une mousse dans un de ces charmants bleds de Maurienne.

Et là c'est le but...

1h de bagnole entre les Villards, puis Saint-Rémy, la Chapelle et autres chatoyantes bourgades pour rien.

Et oui, les bars de Maurienne (et souvent d'ailleurs) n'ouvrent qu'en milieu d'aprèm le samedi. Damned.

Quand je pense que certains investissent des centaines (milliers ?) d'euros en matos pour gagner du poids et de la performance, ça sert à quoi si c'est pour terminer trop tôt et pas pouvoir boire un coup après la sortie ?

Il paraitrait d'ailleurs que certaines guenilles auraient trouvé la parade en préférant investir tout cet argent dans un split pour être sûr de galérer et d'arriver après l'ouverture, histoire d'assurer l'apéro. L'arme absolue, finalement ?

Pour cette fois, on rentrera donc à Grenoble donc la gorge sèche mais les yeux pleins de belles images.

Merci à Etienne, Mika et bien sûr à Sandro (pour le trajet, la trace et une partie des images).

Vous n'êtes pas autorisé à mettre des commentaires