Refuge des Férices et Clocher du Frêne

le 16 avril 2019 , par Joris LEGAY , 1198 vues

Quand il est annoncé un week-end de grand beau temps, avec certainement de la fraiche à aller chercher dans les orientations restées froides ; que Jeff et moi proposons une soirée en cabane avec de belles courses le lendemain dans la Combe Madame, il est légitime de penser : « mais on va être submergé par les gens qui vont vouloir venir avec nous ; ils iront peut être même jusqu'à se battre ».

En fait pas vraiment : la veille du départ à minuit, le nombre d'inscrit est de .... ZERO.
Mais qu'importe, on n'arrête pas comme ça deux bucherons canadiens qui ont décidé d'aller dormir en cabane.
Et puis, quitte à n'être que tous les deux, autant changer de plan à la dernière minute et aller faire un tour du côté du refuge des Férices, au fin fond de la vallée du Bens en nord Belledonne.

En plus Jeff a sorti son Toponeige Belledonne! Un coup d'œil sur les courses à faire dans le coin : il y a au choix une course en 2.2 (Versant Sud Grand Charnier) ou bien directement des 5 .1 , 5.2 . Jeff, lui, a envie de taper dans le 5 ; en ce qui me concerne j'étais parti dans l'idée de rester dans le 4. A ce moment je me dis que je vais devoir me sortir les doigts du c....
On quitte Grenoble samedi en début d'après-midi, direction Allevard.
Sur la route :
Jeff: « t'as crampons piolet ? »
Moi : « ouais »
Jeff : « ah je les ai pas »
Moi : « heu... tu comptes vraiment faire un 5.1 ou 5.2 sans crampons piolet »
Et je me dis : « Quel couillu ce Jeff, il veut s'envoyer des grosses pentes raides sans crampons piolet ! »
En fait, comme dans toute bonne sortie Guenille, c'est juste un petit oubli.
Heureusement qu'ils ont ce qu'il faut chez Sk'Alp (on aurait presque dit un jeu de mot pour la devanture d'un coiffeur) à Crolles.
Arrivé au parking à 16h. On s'harnache comme des mules et, hop, direction le refuge des Férices, loin, très loin là-haut dans le vallon.

Top départ pour les Férices

On se dit qu'étant donné qu'il n'y a que 1000 mètres de déniv à faire, on devrait arriver juste à temps pour l'apéro, genre vers 19h avant la tombée de la nuit et contempler le coucher de soleil une bière à la main ; un vrai plan à la cool.
En fait, comme dans toute bonne sortie Guenille, il y a eu une petite approximation cartographique (en réalité il y a 1300 mètres de déniv).
Parce que la montée au refuge on la finie... à la frontale, histoire de bien profiter du coucher de soleil dans notre dos, dans ce long, très long vallon ; ce qui commence à ressembler à un plan à l'arrache.

Promenons nous dans les bois

Nous tenons tout particulièrement à remercier iPhiGéNie sans qui nous n'aurions, sans doute, pas trouver le refuge, enseveli sous deux mètres de neige.
Nous avons passé presque trois heures pour : trouver l'emplacement exacte de la porte du refuge à l'aide des sondes ; creuser un corridor pour dégager cette dernière, dégager la cheminée pour au final se rendre compte que la réserve de bois est à sec à l'intérieur. Nous voilà donc contraint de rester au froid, trempé et sans feu....Il est 00h30.


Un vrai plan guenillage qui mérite limite la .....je n'en dirais pas plus.


Fort heureusement pour nous cette partie de l'histoire n'est jamais arrivée.


Le refuge était bien sous deux mètres de neige, nous avons bien terminé à la frontale, MAIS (et dans ce cas le MAIS fait toute la différence) trois skieurs ont eu l'excellente présence d'esprit de passer aussi la nuit aux Férices, et du coup de faire tout le boulot pour nous dans l'après-midi.

Les Férices sous 2 mètres de neige

Encore merci les gars (ils ont quand même mis 1h30 à trois rien que pour dégager la porte!)


Une fois nos quartiers pris, les trois skieurs vont vite se coucher, nous on passe à la popote à quelques mètres d'eux.
Ce soir c'est rougaille saucisse, enfin plutôt un saucisse-riz amélioré. Le truc c'est de ne pas oublier son triptyque : oignons/ail/échalotes, de faire mijoter le tout avec le coulis de tomate, un peu d'épices, du piment et le tour est joué : Jeff a l'impression de bouffer chez sa mère. En refuge, les condiments c'est primordial!

Cette petite bouffe est aussi l'occasion de provoquer de grandes rencontres:

les grandes rencontres

Nos trois coréfugiés ont mis l'eau à la bouche de Jeff, ils ont fait le couloir ouest du Grand Miceau (5.2 E3) dans la journée et projette de faire la face nord du Pic du Frêne (5.2 E2) suivi de la face nord du Grand Crozet (5.1 E2) le lendemain. Il n'en faut pas plus pour chauffer Jeff et qu'il me propose le même plan.


Dimanche matin, en grands seigneurs nous laissons les skieurs partir devant ; loin de nous l'idée de les laisser faire la trace, à eux l'honneur, on leur doit bien ça, et puis de toute manière il n'y a pas assez de place pour cinq autour de la table pour le petit déj.
Depuis les Férices nous remontons un très joli vallon avant de taper dans le pentu.

Joli Vallon

On a même le loisir d'observer nos trois compagnons de nuitée se balader sur une ligne de crête.
Tiens donc une ligne de crête ? Bizarre, nous n'avons pas le souvenir d'en avoir entendu parler dans le Toponeige Belledonne.
Ils se baladent donc sur une ligne de crête et vont jusqu'à un sommet ; serait-ce le Pic du Frêne ? Bizarre ça ne ressemble pas trop à la photo du Toponeige Belledonne. C'est pourtant pratique un topo associé à un itinéraire sur une photo, c'est presque impossible de se planter.
Puis ils entament une traversée de la face pour aller chercher une pente qui a l'air assez bonne.
Décision est prise de ne pas suivre complètement leur itinéraire de montée mais de faire notre trace. Jeff, plus aguerri, passe le 1er dans la face.

Montée de Jeff

Ça grimpe dur et raide.

Montée dans le raide

Nous finissons par rejoindre le début de la traversée des skieurs. De là on suit leur trace.

La traversée du bonheur


La traversée avec ses quelques passages de désescalade en mixte, vraiment que du bonheur.....
Merci Jeff pour les bons conseils sur les prises.


Nous arrivons finalement.... Où exactement ? A vrai dire on n'en sait rien. Quelque part à proximité du Pic du Frêne en Belledonne. Tiens d'ailleurs le somment en face de nous, ne serait-ce pas le Pic du Frêne ?

En tout cas, nous sommes bien content et le panorama sur Belledonne vaut le détour.

Tout en haut!

Panorama sur Belledonne

Pas trop le temps de palabrer, une belle face nous attends.

Jeff dans la face

Les conditions sont plutôt bonnes; Jeff ouvre la marche, moi je la ferme (la marche).

Arrivés en bas de cette 1ère face, nous nous tâtons pour remonter au Grand Crozet, mais il est déjà 14h et en ce qui me concerne la traversée/désescalade en mixte m'a un peu rincé les guibolles.

La décision est prise de rentrer direct au bercail en descendant le vallon remonté le matin.

La descente est trés bonne jusqu'aux Férices, aprés....... c'est une autre histoire.

Nous retrouvons la civilisation après une longue, longue marche dans le vallon.

Sur la route du retour:

Jeff: "ah finalement ce que l'on a fait c'est un truc à côté du Clocher du Frêne"

Et ben voila tout s'explique! Notre itinéraire en rouge:

Itinéraire Clocher du Frêne

 Faudras revenir dans ce petit coin préservé, loin de tout; en arrivant quelques heures plus tôt au refuge, évidement!

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