Via ferrata: présentation de l'activité

le 27 octobre 2018 , par Francis BORRELL , 1975 vues

D'avril à octobre environ, le club vous propose de découvrir les nombreuses vie ferrate (1) de France et parfois aussi d'Italie. Une présentation générale en est effectuée dans cet article.

Quelques développements plus détaillés peuvent vous intéresser: 

Les vie ferrate sont des équipements à demeure composant des itinéraires permettant la progression dans un univers vertical et aérien réservé habituellement aux grimpeurs. Cette pratique ne nécessite pas un bagage technique important, mais demande une bonne condition physique et le strict respect des règles de sécurité.

 Les vie ferrate permettent :

 

Initiation

 

Le club propose des sorties d’initiation destinées à toute personne qui désire découvrir cette activité et possède un minimum de condition physique, suivies d'un ensemble de sorties de niveau progressif.
L'objectif est d'acquérir l'autonomie, c'est-à-dire :

 Autonomie

 La pratique est souvent individuelle et s'apparente à de l’escalade articielle en solitaire mais avec assurance continue. Toutefois en cas de difficulté – survenant à soi-même ou à quelqu'un d’autre - la solidarité permet d’éviter que l’incident ne vire à l’accident : aussi le club encourage-t-il une pratique collective (par exemple entre amis)

 AVEC

 Des séances de réchappe (2) sont régulièrement organisées. Consultez à cette fin les actualités de l'activité !

 

Equipement de sécurité obligatoire

 

 Le terme "longe" seul désignera la longe double, son absorbeur et ses mousquetons. Le terme "vache" désignera la longe destiné à sécuriser un repos, un relais, etc. Les longes de via ferrata comportent souvent, actuellement, un mousqueton rapide terminal, de type K et destiné à jouer le rôle de "vache". Mais on aura avantage à disposer d'une "vache" à 2 voire 3 longueurs différentes, cf croquis suivant: le noeud mis ici en oeuvre est le "noeud de huit".

Longe VF

Equipement personnel conseillé

 

 

Les longes

 Il n'existe plus actuellement dans le commerce qu'un seul type de longes : en Y (3).

 Les longes en V (4) seront systématiquement proscrites.


Avec une longe en Y les 2 mousquetons doivent demeurer accrochés simultanément durant la progression sur le câble.

Constitution de la double longe en Y

 

Chaque longe est munie d'un mousqueton type K (5) à très large ouverture et à virole automatique, et d'un système empêchant la rotation du mousqueton (« string »).

 Il existe 2 types de double longe :

 

 

 Ce brin de corde de réserve ne doit jamais être noué ou - pire - enroulé autour de l'absorbeur, comme on le voit parfois. Une agrafe plastique permet normalement de le fixer sur un porte-outil du baudrier. Pour limiter la gêne, on peu envelopper la réserve de corde d’un élastique peu résistant : « chouchou », élastique à chapeau ou morceau de chambre à air de vélo.

 

 Double longe à réserve de corde :

 Longe VF

 

Double longe à déchirement :

 Longe VF


La liaison longe – baudrier

 

 Des accidents graves ont eu lieu à cause de la rupture du doigt du mousqueton reliant le baudrier à l'absorbeur d'énergie, le mousqueton s'arc-boutant sur ce dernier, lors de chutes pourtant peu importantes. 

En conséquence, la liaison longe - baudrier n'est plus autorisée qu'à l'aide :

Longe VF 

 Longe VF

La sécurité

 

L'apparente simplicité de la progression en via ferrata est, paradoxalement, source de danger car elle fait oublier le respect des règles de sécurité notamment pour les grimpeurs confirmés et les personnes non sujettes au vertige. Hors, personne n'est à l'abri d'une glissade, d'une pierre qui tombe ou d'un malaise.

 "Le danger est rarement là où on l'attend."

 

Les équipements du rocher

 

Les reliefs naturels (vires, ressauts, prises diverses...) permettent aux via-ferratistes de progresser. Mais, dans ce paysage vertical, cela ne suffit pas et des équipements scellés dans le rocher composent l'essentiel des vie ferrate. En fonction de son niveau propre, on peut toutefois se passer d’une partie des barreaux et poignées – mais jamais de l'assurance sur le câble. Certaines vie ferrate - souvent plus anciennes - obligent même à davantage de contact du rocher que d’autres.

Les marches métalliques, les barreaux plus ou moins larges (poignées ou rampes), les échelles métalliques sont le plus couramment rencontrés, auxquels s'ajoutent pour le plaisir (?) des passerelles, des ponts de singes (1 câble pour les pieds, 1 câble pour les mains), et des ponts népalais (1 câble pour les pieds, 2 câbles pour les mains).

Tout le long de ces équipements, se trouve un câble qui suit tout le parcours de la via ferrata et que l'on nomme ligne de vie. C'est sur ce câble que l'on doit être longé en permanence.

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 Ce câble peut, dans certains cas qui doivent rester exceptionnels, aider le via-ferratiste à progresser et à réaliser ses manipulations sécuritaires (dévers). Mais ce n'est pas sa vocation, et, s’agissant d’un élément mobile, à la préhension difficile en vertical, et dont la tension peut être affectée par un autre ferratiste, son emploi en traction doit être évité.

Ce câble passe dans des ancrages scellés dans le rocher. On appelle segment ou portion de câble, la longueur de câble comprise entre 2 ancrages. A ceux-ci, sont souvent associées des « queues de cochon » qui permettent d'y faire passer une corde, si le responsable décide de la nécessité de s'encorder.

Queue de cochon :

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La progression autonome

 

La progression en via ferrata s'effectue :

 Dès le départ, il faut se longer sur le câble avec les 2 longes, et demeurer longé jusqu'à la fin du parcours.

 

Le mousquetonnage

 

Anticipez vos mousquetonnages : dans les passages verticaux, il faut mousquetonner dès que possible au dessus de l'ancrage supérieur. Si vous avez dépassé le point d'ancrage, et au lieu de vous contorsionner pour démousquetonner à la hauteur de vos pieds, prenez la peine de redescendre pour manouvrer en parfait équilibre.

En bas de segment, une boucle d’amorti ajoute à la sécurité en cas de chute, mais peut bloquer les mousquetons si l'on n'y prend garde. Accompagner les mousquetons en posant la double longe sur l'avant-bras limite ce risque.
Dans la progression, inverser l'ouverture des deux mousquetons.

Economisez vos forces

 

La progression simultanée et encordée

 

La progression simultanée en cordée

Elle est identique à la progression autonome, mais les via-ferratistes sont, en plus, encordés tous les 5 mètres sur une corde dynamique de 9 à 11 mm de diamètre. Cette corde est reliée au pontet du baudrier par un noeud de huit et un mousqueton à vis pour le 1er, un noeud de huit pour le dernier, et une tête d'alouette  pour les autres.

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Les responsables peuvent rester autonomes pour aider les autres participants dans les passages difficiles. Sinon, le 1er doit disposer d’une réserve de corde (anneaux de buste) lui permettant de rejoindre, en cas de nécessité, le dernier de la cordée.
Les cordées ne doivent pas dépasser 4 ou 5 personnes.
Il faut progresser corde tendue et la passer dans les queues de cochon ou les dégaines posées par le premier de cordée.

 Toutes les vie ferrate ne sont pas équipées de queues de cochon : se renseigner auprès des Offices de tourisme ou des sites spécialisés, tel « viaferrata-fr.net ».


Le responsable peut aussi assurer les autres personnes du haut, dans un passage difficile, en corde tendue à l'aide d'un noeud dit demi-cabestan ou d'une plaquette d'assurage.
Pour la sécurité d'un groupe nombreux, le responsable et la personne fermant la progression peuvent utiliser des émetteurs-récepteurs.
 

Les noeuds à connaître

Inutile d'en connaître trop - mais sachons faire bien - et parfois vite - ceux qui nous seront le plus utiles:

Le noeud de huit (en réalité double huit)

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Le demi-cabestan

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La tête d'alouette

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(voir plus haut comment le réaliser en milieu de corde, en passant soi-même dans la boucle)

Après le « savoir faire », le « savoir vivre » en via ferrata

 


La meilleure façon de remercier les personnes qui vous encadrent est de respecter strictement les consignes et règles de sécurité. Seul, vous êtes responsable de vos agissements ; en collective, d'autres personnes le sont pour vous.

 

Le facteur de chute

 

 Le facteur de chute constitue un des points essentiels concernant la sécurité en via ferrate. Il nécessite un minimum d'explications.
Lorsqu'on chute, encordé, plus la corde est longue (entre le grimpeur et le point d'assurage), plus celle-ci absorbe de l'énergie, car son élasticité en est augmentée.
Le facteur de chute est égal au rapport de la hauteur de chute sur la longueur de corde utile. Il détermine la violence, la dureté de la chute.

 En escalade

 

En escalade, le facteur de chute ne dépasse pas 2. C'est le risque maximum rencontré lors d’une chute directe au relais.

Exemple : un grimpeur est 2,50 mètres au-dessus du relais (soit 2,50 mètres de corde), et tombe. Il chute donc de 5 mètres au total (2,50 mètres au-dessus du relais + 2,50 mètres au-dessous du relais). 

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En via ferrata

 

En via ferrata, lors des progressions verticales, les points d'ancrage du câble sont, en général, distants de 3 mètres au maximum. La base d’un segment de câble comporte une boucle d’amorti, destinée à éviter le hoc des mousquetons directement sur le point d’ancrage. Cette boucle ajoute à la longueur du segment de câble. La double longe, enfin, ajoute environ un mètre à la distance parcourue par le corps chutant.

Exemple : un via ferratiste monte au-dessus du point d'ancrage du câble, de la longueur de sa longe (soit environ 1 mètre). En voulant mousquetonner le câble sans redescendre, il perd l'équilibre et tombe. Il chute donc de 5 mètres au total (1 mètre au-dessus du point d'ancrage supérieur + 3 mètres de longueur de câble + 1 mètre au-dessous du point d'ancrage inférieur). 

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L'absorbeur d'énergie

Les énergies développées sont donc considérables, les conséquences pour le matériel – ou, si ce dernier résiste, pour l’organisme - sont énormes et nécessitent donc d’utiliser un absorbeur d'énergie qui, en créant des forces de frottement importantes sur la longe, réduit ainsi la force de choc finale.

Le défilement de la corde dans l'absorbeur - ou le déchirement des sangles cousues - va freiner la chute et amoindrir la force de choc.

 

 Ne pas avoir d'absorbeur d'énergie sur sa longe en progression verticale, équivaut, en cas de chute, à n'avoir aucun assurage.


Les absorbeurs sont validés pour un poids compris entre un minimum et un maximum, vérifier la notice d'emploi – en règle générale entre 45 et 100 kg … habillé et équipé !

 

Cotation des vie ferrate

 

La cotation prend en compte la longueur totale, la durée, l'aspect aérien, vertical, athlétique (dévers), l'aspect technique et l'existence ou non d'échappatoires dans la via ferrata.
Lorsque vous serez autonomes, n'oubliez pas, avant de vous lancer, de consulter les topos, et une fois informés sur la difficulté, n'oubliez pas la météo, la carte et les numéros de secours en montagne.

L'échelle de cotation communément adoptée par la France comporte 5 catégories de F à ED.

  Attention : Ces cotations ne doivent pas être confondues avec l'échelle de cotation UIAA utilisée en alpinisme.

 

Durée de vie du matériel

 

Chaque matériel doit être inspecté avant et après chaque utilisation par son propriétaire.

En outre, le fabriquant précise, dans la notice remise lors de l’achat, quelle est la durée de vie de ce matériel. A défaut d’indications expresses plus contraignantes ou au contraire plus laxistes, les durées de vie à respecter sont consignées dans le tableau suivant :

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 Quiconque utilise du matériel personnel est tenu de s’assurer que ce dernier répond bien aux normes en vigueur, que la date de sa mise au rebut n’est pas dépassée et qu’il est en parfait état de fonctionnement.  En cas de doute faites-le vérifier par un encadrant.

ATTENTION ! Ce dernier pourra refuser la participation d’un membre non équipé de matériel conforme aux exigences : notamment si le matériel personnel, même en bon état, a ou paraît avoir atteint la limite de sa durée de vie. Si les longes à déchirement possèdent un n° de série voire l'année de leur fabrication, en clair, dans l'étui, il est plus difficile de déterminer l'âge d'une corde coulissant dans une plaquette. La prudence pourra conduire votre encadrant à refuser votre participation dans le cadre d'une sortie organisée par le club.

 

  Signé: Ogoun Ferraille

 

(1) Respectons la belle langue de nos amis italiens : une via ferrata, des vie ferrate (prononcer : vié ferraté).

(2) Réchappe : technique d’évitement, de repli, de secours…

(3) Longe double en Y : deux brins équipés chacun d’un mousqueton spécial, les deux mousquetons devant être simultanément accrochés au câble durant la progression. Location possible en magasin de ville. 

(4) Longe double en V : deux brins équipés chacun d’un mousqueton spécial, ne devant jamais être simultanément accrochés au câble durant la progression puisque chaque brin constitue la réserve de corde de l’autre brin ! Procédé aujourd’hui proscrit.

(5) mousqueton type K pour « klettersteig » soit via ferrata en allemand – car les autrichiens passent pour avoir inventé l’activité, avant même que l’armée italienne s’en empare.