compte rendu du stage initiateur snowboard 2018

le 14 mai 2018 , par Fabien JOURNET , 1550 vues

Introduction

Ce compte rendu est le résumé du stage pour devenir initiateur de snowboard de montagne (6 jours) suivi de la qualification glacier (2 jours). La formation s’est étalée du samedi 14 avril au dimanche 22 avril dans le massif des Cerces et de l’Oisans. Les différentes journées seront résumés par chaque membre de l’équipe afin de donner un ton authentique sur cette expérience enrichissante. (Comme ça vous n'êtes pas obligé de tout lire d'un coup...)

Formateurs

Jean-Pat Comba

Guillaume Condat

 

Participants formés

Antoine Boutet

Aude Malahel

Aurélien Personnaz

Denis Mausse

Fabien Journet

Jérémy Gagnard

Joris Legay

Philippe Guinet

  

Jour 1 : Névache - Refuge de Laval par la Guardiole

Après nos retrouvailles la veille au soir au gîte Le creux des souches où l'on a fait connaissance avec l'ensemble des membres du groupe, on attaque ce premier jour en douceur. Tout d'abord, on profite d'une petite grasse mat’ car le gîte ne sert le petit déjeuner qu'à partir de 8:00. Puis on finalise le packaging de nos sacs, on part avec 5 jours de casse croûte et vivre de course, certains sont plus mangeurs que d'autres, certains optent pour des graines d'autres pour des pots en verre de terrine avec ou sans pain.

On s'active, aujourd'hui au programme, rejoindre le refuge de Laval par la Guardiole. Mise en condition progressive, Jean-Pat n'est pas encore là et nous rejoindra que le soir directement au refuge. Entre temps, Guillaume va jouer le newbie pour nous permettre de rappeler tout au long de la journée les différentes connaissances qu'un initiateur de snowboard de montagne doit maîtriser. Cela commence au départ de Névache avec un descriptif des différents modèles de DVA et le test DVA d'avant course avant de prendre le départ vers 9h.

 p

Vu la température de ces derniers jours, on s'attendait à patauger dès le début mais un léger regel permet d'évoluer sur la route sans difficulté. On profite de cette douce montée pour répondre aux questions de Guillaume. On rappelle les différentes étapes à suivre en cas d'accident (protéger, alerter, secourir) ainsi que les facteurs humains (désir de séduire, aura de l'expert, habitude, trop de leader pas de leader, ...). Ensuite, on sort le matériel de cartographie pour identifier une petite dent qui nous fait de l'oeil. Après tergiversation, le consensus se portera sur la dent du diable.

 

On remonte la petite route jusqu’à l'altitude 1857 où l'on continue sur l'itinéraire du GR57 un poil plus raide jusqu'au refuge de Ricou. Une fois le refuge derrière nous, direction la Guardiole sans trop savoir jusqu’où on ira, la croix de la Guardiole, la crête des Guardioles, le pic du lac blanc ? Un peu au dessus de l'altitude 2500, deuxième exercice de cartographie, cette fois-ci on triangule pour identifier précisément où l'on se trouve sur la carte.

Une fois ce petit exercice de boussole fini et après avoir fait un point sur l'horaire, on décide de mettre le cap sur la crête de la Cula. On remonte un peu cette crête avant de décider de l’endroit où l’on allait descendre orientation nord ouest vers le refuge. Malgré l'heure avancée et les température plus que printanière cette descente s'avère fort sympathique dans les premières centaines de mètre de dénivelé. La neige sur le dernier tronçon vers le refuge est vraiment gorgée d'eau est absolument pas agréable à rider.

 

Arrivée au refuge, on se désaltère avec une bonne bière, tous contents de cette première journée. Mais elle n'est pas finie, après une ou deux bières, on continue la tournée des rappels avec un point sur les sacs, les sondes et les pelles. Jean-Pat arrive et on finit avec un exercice de pelletage avec mise en situation à plusieurs.

Enfin, les dernières étapes que l'on va rabâcher tout au long de la semaine, préparation de course (un peu houleuse), dîner et belote bruyante pour certains. Après la première nuit au gîte de Névache, les dortoirs s'organisent pour isoler les éléments les plus sonores…

Antoine

 

Jour 2 : Refuge de Laval - Refuge de Drayère par le Lac rouge

C’est au deuxième jour que l’on comprend que cette semaine nous n’allions pas avoir de grasse matinée.

Après une soirée bien mouvementée pour discuter de la course d’aujourd’hui, c’est accompagnés de Jean-Pat que nous partons direction la Crête de la Case Blanche.  À peine le noir de la nuit disparaît que nous sommes déjà prêt à en découdre, mais hélas le regel attendu n’a pas eu lieu. Qu’à cela ne tienne, c’est sous la coupelle d’Aude et Philippe que nous partons pour remonter le vallon, nous verrons ce qu’il peut se faire sur place.

Quelques vérifications de DVA et prise de direction, nous partons vers 6:55.

À peine une centaine de mètres avalée, nous rencontrons un petit pont bien chargé en neige qui nous vaudra le doute dans certains yeux pour se franchissement. Heureusement, plus de peur que de mal, ça passe tranquillement pour tous.

Denis passe

La neige n’est hélas toujours pas comme attendu et c’est après quelques mètres de dénivelés franchis que nous prenons nos distances pour remonter les contres pentes.

Ainsi à l’altitude 2120, nous faisons déjà analyse de la course et prenons la décision de continuer à vue pour choisir un autre itinéraire. Jean-Pat nous rappellera en passant que ce n’est pas toujours le nez dans la carte que l’on trouve la solution et nous franchirons quelques bosses pour voir un peu mieux le terrain.

 chamois

Nous remontons ainsi la chandelle rouge pour atteindre la Montagne de Travers en prenant les précautions nécessaires lors de traversées douteuses. Premier objectif atteint et premier sommet. Nous pourrons contempler la vue sur la combe remontant au lac Rouge ainsi que le rocher de la Grande Tempête qui nous fait de l’oeil.

Après une courte pause, Jean-Pat nous pousse encore une fois à aller aux pieds de la face pour y décider si celle-ci n’est pas trop dangereuse. C’est en compagnie d’Antoine et Aurélien comme chef de course que nous montons cette combe en prenant le choix de remonter sur la pente où les coulées étaient déjà parties (mange tes boulettes !). Nous sommes en pleine face Sud à 9:40 et nous avons chaud.

 Nous atteignons péniblement le sommet pour arriver au col qui surplombe le lac Rouge.

Tout semble avoir trop chauffé et la neige commence à se ramollir, pas de soucis, nous chaussons donc tous nos engins de glisse pour dévaler la pente des Burades.

Aurélien

La neige sera de plus en plus molle pour devenir presque une activité nautique à la fin.

11:00 et on sort le casse dale, c’est plus un raid mais une découverte culinaire. Tout le monde y va du sien pour faire goûter sa mixture la plus chauffante. Nous repartirons pour atteindre le refuge des Drayères par le fond de vallée.

À peine arrivée au refuge, nos instructeurs préférés nous proposeront directement un petit atelier corniche. Fabien et Denis, nous montre les rudiments pour franchir cet obstacle à base de : corps mort, champignon, moulinage de personne, descente en rappel montagnard.

 Joris en rappel

 Dans la vie il y a 2 catégories...

Bien fatigués par ces péripéties, nous prenons enfin notre pause bien mérité pour nous installer dans nos lits douillets.

La journée se terminera doucement par la révision/apprentissage des techniques de noeuds, nous en retiendrons quelques uns :

-       Huit : noeud d’encordement avec une facilité à la vérification

-       Cabestan : noeud bloquant, certains prennent le malin plaisir de montrer leur talent à une main

-       Demi-cabestan : noeud de moulinage pour assurer quelqu’un

-       Mule : noeud bloquant ou poignée

-       Coeur : remplaçant de la micro traction

-       Chaise : bloquant mais plus facile à défaire, pratique pour l’encordement

-       Double pêcheur : bloquant, mais difficile à défaire une fois serré

Demain, une grande journée nous attend et nous espérons un bon regel sous le grand soleil attendu.

Jérémy

 

Jour 3 : Refuge de Drayère - Refuge de Laval par le Rocher de la Grande Tempête

Lever à 5:00 et surprise, le regel a bien eu lieu ! Nous voilà repartis au petit jour levant en direction du Rocher de la Grande Tempête. La dernière pente, étant gelée, nous avons cramponné et effectué un exercice d’encordement. Au sommet, après avoir admiré le panorama de rêve, avec toujours une météo ensoleillée, nous sommes redescendus encordés pour certains, puis les boards furent chaussées !

Rocher de la grande tempête Dommage que Guillaume ne voulait pas rider le couloir!

Après une belle descente, l’équipe de snowboarders repart à l’assaut du rocher de la Petite Tempête, en finissant par l’ascension de l’arête ! Petit passage dans la boîte aux lettres…

Antoine

Quelle ambiance ! Puis la redescente nous ramène au refuge de Laval où nous attend une bonne bière ! Mais la journée est loin d’être finie, nous voilà repartis pour des exercices de marche/montée/descente sur crampons, puis enrayement de chutes.

Repas à Laval (quel repas somptueux !) préparation de la course du lendemain et repos bien mérité !

Aude

 

Jour 4 : Refuge de Laval - Névache par le Lac Laramon et le point 2767 - Refuge de Buffère

Ce mercredi, alors que la fatigue commence à se faire sentir, une journée bien chargée est au programme…

Nous partons pour la course du jour. Comme pour toute la semaine le BRA est à 2 évoluant à 3 avec la chaleur montante de la journée. Après le traditionnel test DVA nous profitons d’un très léger regel en direction des crêtes surplombant le Lac Long. Nous passons au dessus du refuge de Ricou pour longer les lac de Laramon et du Serpent. Mais avec le soleil la neige se transforme rapidement : arrivé sur la crête il faut faire vite.

 encore Joris en rappel

Un petit rappel pour chausser nos planches dans une zone en sécurité et nous profitons d’une neige “beurrée” assez agréable pour le début de la descente. Mais nous devons descendre à Névache 1000m plus bas et très vite la neige se dégrade. Du beurre elle devient lourde puis pourrie et enfin “blette” selon le vocabulaire imagé de Jean-Pat !

Arrivé à Névache pas le temps de se poser (devant une bière par exemple ?). Nous devons charger nos sac pour les deux prochains jours avec le bivouac et le festin de demain soir. Bien chargés (je parle des sacs) nous devons rejoindre le refuge de Buffère par une piste forestière. Ce “bonus” de 500m en pleine chaleur rend obligatoire une pause sur la terrasse du refuge pour une bière ou un coca avant la suite du programme.

En cette fin d’après-midi exercice BTP ! Jean-Pat nous conduit au-dessus du refuge : sortez les pelles ! Et les sondes demandent certains… Non ! Là nous comprenons l'intérêt des pelles avec un manche télescopique et un godet profond. L’exercice consiste à réaliser un monticule de neige d’environ 4m de diamètre (avec rappelez-vous une neige… bien lourde !). Une fois le dôme de neige suffisamment haut et tassé on creuse l’intérieur en lissant pour finir le sol et les parois (pour éviter que des gouttes d’eau nous aspergent durant notre sommeil). Une fosse à froid à l’entrée en contrebas, un escalier et le tour est joué. Certain agrémenterons le lendemain leur igloo par des décorations très “personnelles”.

 On va quand même pas montrer la -bip-

De retour au refuge, préparation de la course du lendemain avant le repas. Mais bizarrement après cette journée chargée, les traditionnels joueurs de coinche se font discrets… Bonne nuit !

Denis

 

Jour 5 : Grand Aréa + nuit en igloo

Ptit déj à 7:00 ( “Ouais, une grasse mat’ !” ), et départ du refuge de Buffère (2070m) vers le Grand Aréa. Le BRA annonce un risque allant de 2 vers 3 en cours de journée, il va faire chaud. Nous cheminons plutôt dans le fond du vallon pour éviter les dévers, parce que les dévers, “ça casse les c…….” de Jean-Pat et ça, ce n’est jamais bon…

Joris et Fabien ont emprunté des splits Plum qui étaient mis à disposition par le refuge, au bout de 5 minutes, ils ont déjà le style impeccable de ceux qui ont traversé l’Alaska en autonomie en mangeant des ours crus.

 On voit bien que le split ça vaut rien (Joris et Fabien)

Le grip est excellent, quand j’en fait la remarque à Jean-Pat, il me propose d’échanger mes splendides raquettes contre son split, ce que j’accepte pour lui faire plaisir !!! Jean-Pat en raquettes… on a rencontré des bergers de Crévoux qui nous ont raconté qu’ils n’avaient pas vu ça depuis la création de la station...

 la raquette-pulka c'est l'avenir!

Au bout de 5 minutes, j’ai déjà le style de celui qui ne sait pas quoi faire de son sac à dos vu qu’il n’y a plus rien dessus. Heureusement, sur une petite bosse, Denis nous fait faire un “atelier split” qui nous permet de travailler les virages larges et les conversions, de faire de nous de vrais spécialistes du style.

 Philippe

Arrivé au pied du Grand Aréa (2869m), la pente orientée Nord se redresse. Les distances entre les premiers et les derniers augmentent… Quelques néo-spliteux se retrouvent en délicatesse pour réussir toutes leurs conversions… Moitié sanglier, moitié flippé, je défonce (à l’insu de mon plein gré) le topsheet du split de Jean-Pat à coups de couteaux, c’est vachement plus fragile que les raquettes ces trucs-là...

La vue du sommet est terrible ! Nous hésitons à manger là pour en profiter et attendre que ça décaille encore plus en ouest, mais devant ce qui nous reste à accomplir avant la nuit, nous décidons de descendre rapidement… En bas la neige est un peu blette et la traversée jusqu’aux igloos (atteints à 13:30) est un peu longue et plate… La meilleure descente du séjour, quoi !

 Le Grand Area

Nous finissons les igloos débutés la veille : égalisation du sol, lissage des parois, épaississement de la couche de neige sur le toit, installation par Guillaume d’une antenne wifi pour mater ses films préférés…) et ramassons du bois pour le bivouac.

 Joris et Aurélien

 Antoine

Un peu plus bas, Antoine et Joris nous préparent un exercice de recherche de victimes d’avalanche. Il y a 4 victimes que nous retrouvons et sécurisons en 18 minutes, des blessés, des traumatisés et un peu de bazar, mais comme nous le rappelle Jean-Pat “Si ça arrive en vrai, il y en aura un peu, de la pagaille, ça n’empêche pas d’être efficace…”

Après avoir préparé la course du lendemain au refuge en buvant une boisson destinée à éviter les crampes, nous allons ensuite nous installer au bivouac... Là, le poids insensé des sacs de la veille prend tout son sens : l’apéro est riche de boissons et de produits divers, le carry de thon avec son riz et ses haricots, cuisinés sur place, régalent tout le monde, la farandole des desserts n’en finit plus de finir (bananes au chocolat, chamallows grillés, j’ai oublié les autres à cause des breuvages à plus de 40°…). Je sais pas pour le reste, mais côté bivouac, y aura un avant et un après 2018...

 

En fin de soirée, l’ambiance monte d’un cran, puis de douze… Fabien la trouve carrément “CALIENTE”, l’ambiance...

no comment

Les conversations deviennent plus profondes, s’emplissent de sagesse montagnarde, par exemple :

“T’es bourré ?”

“Non, j’ai pas mes chaussons dans mes chaussures…”

C’est après minuit que j’ai la chance (et la frayeur) de découvrir les pouvoirs magiques de nos cousins des Alpes :

1)      Les shabraks peuvent couper des arbres avec un opinel (il suffit d’avoir quelques heures devant soi et un moral de psychopathe des Aravis) :

 Guillaume qui se ...

la buche

 

2) Les guenilles (qui sont capables de faire des mouflages de fous à 1h du mat’ pour aider les shabraks à couper des arbres à l’opinel) savent éteindre le feu avec leur tête sans se brûler (pas de photo, scène trop flippante, pouvant heurter les snowboarders les plus sensibles…).

oups

En résumé, une journée pépère de plus au stage initiateur snowboard 2018, rien d’incroyable, la routine…

Philippe

 

Jour 6 : Bivouac - Névache par la Crête de l’Échaillon

C’est réveil 7:00 ce matin dans les igloos. Certains esprits sont un peu brumeux ce matin, il a bien fallu s’alléger des “boissons et de produits divers” montés la veille.  Après avoir fait un grand ménage du bivouac, remplit partiellement avec de la neige le trou béant du feu de joie pour éteindre les dernières fumerolles, fait nos sacs, nous voilà repartis. Il est 9:00. Il n’y a plus de victuailles mais le reste du matériel de bivouac se fait très vite sentir sur nos épaules.

C’est Denis qui prend le 1er les commandes du groupe, direction la crête de l’Echaillon au point 2569 m. La veille nous avions éviter les dévers, et suivi une trajectoire douce pour les splitboards et autres skieurs, mais là c’est “dré dans l’pentu” entre les mélèzes, d’autant que le regel est bien présent.  Alors bon, en raquettes ça passe, mais les splitboards sont un peu en difficulté.

 Il paraît que Fabien trimballe des casserolles

Il commence vite à faire chaud avec chacun nos paquetages et ces pentes à gravir.

Aurélien reprend la main sur la conduite de course, à la sortie des mélèzes. La pente finale s’avère plus délicate qu’il n’y paraît. La neige est béton, la pente aux alentours de 30°, aucun moyen d’éviter le dévers : les couteaux ne suffiront pas aux bi-spatulés. Il va falloir trouver une solution pour éviter autant que possible des situations accidentogènes. C’est tout trouvé ! Jérémy, sur sa butte perchée, va tailler des marches dans la face pour ses copains :

 Jérémy

Et c’est parti direction le sommet :

Une fois arrivé en haut, une superbe vue s’offre à nous, nous pouvons notamment admirer le Grand Aréa que nous connaissons bien depuis la veille.

 

Notre performance est plutôt mitigée : nous avons mis 2h30 pour faire 450-500 m de dénivelé. Jean-Pat n’est pas satisfait de cette prestation, nous aurions dû suivre un itinéraires plus “cool”.

L’objectif étant de basculer et de descendre sur des pentes orientées sud-est, le soleil tape déjà fort sur ces dernières. Nous ne trainons pas et nous équipons pour la descente. La neige est lourde, voire “blette” comme qui dirait Jean-Pat. C’est lui même qui prend la direction du groupe afin de filer et d’arriver en bas au plus vite. La descente se fait sans presque aucun temps mort, il ne faut pas s’attarder sous ces pentes chargées de neige bien humide. Nous faisons un run de presque 2000 mètres négatifs direction Névache. La traversée en forêt est bien sportive, surtout avec les sacs qui n’aident pas. La couche supérieure de neige bien “soupe” et lourde se décroche à notre passage et glisse sur la couche qui est en dessous et plus dure. Cela nous motive encore plus pour arriver en bas.

Après plusieurs passages hasardeux nous y voilà : Névache !

 Guillaume et Aude

Cet épisode clos la fin du stage initiateur snowboard de montagne. Nous sommes tous super contents des jours passés mais sommes sur les rotules. Heureusement, Jean-Pat nous laisse quartier libre pour cet après-midi, histoire de faire le plein d’énergie pour les deux jours qu’il reste. La suite du programme est donné pour aujourd’hui : direction Briançon pour une grosse pizza et détente au gîte du Pas de l’âne à Villar-d’Arène.

Joris

 

Jour 7 : Qualification glacier Jour 1 - La Grave

Arsine - la Grave - Dôme de la Lauze

Avec la canicule de la semaine, l’ouverture des bennes de la grave est exceptionnellement avancée à 8:30. Par rapport au reste de la semaine, le petit déjeuner est donc exceptionnellement retardé à 6:45.

On arrive largement premier devant la caisse, une heure avant l’ouverture, pour monter avec LA 1ère cabine.

 La Meije

On nous a fait préparer 3 itinéraires la veille, pour que Jean-Pat puisse choisir… autre chose ! : tricotage dans les crevasses et séracs bien bouchés juste en dessous du départ du téléski.

C’est Jérémy à l’honneur ce matin. Super topo avant d’envoyer le groupe sur le glacier : 3 cordées de 3, attention aux zones de changement d’inclinaison, ne pas se regrouper, jamais toute la cordée à la même altitude, ne jamais déchausser si on n’est pas encordé (on n’oublie pas le check DVA). On descend un peu dans une zone débonnaire pour s’encorder, sans trop se regrouper et ensuite remettre les raquettes ou couper les splits… Puis on remonte vers la petite zone de séracs pour des exercices de franchissement.

Traverser dans un sens, en plantant des broches. Traverser dans l’autre, en faisant des relais, avec des broches. On met la cordée dans l’autre sens et on recommence.

Guillaumle et les autres

Tiens, si on faisait un Abalakov pour changer ? On perce un trou en diagonale, un autre de l’autre côté pour qu’il se rejoigne au fond, et on fait passer une sangle ou corde dedans.

Sauf que c’est 4 fois plus long que de mettre une broche, qu’il faut bien viser, et que même si tu as ledit crochet qui ne sert qu’à ça, quand tu n’as pas bien visé il ne sert même pas. Bref, c’est mieux de se dépêcher, de garder tout son groupe à vue, et d’avoir assez de broches.

Je confirme aussi : en crampon pour boots de snow, on ne fait pas des folies sur la glace…

Tout ce tricot nous emmène à l’heure du repas, pris en bas de la seule piste de la grave : au pied du tire-fesses, sous la monotone tempête de ciel bleu. En revanche, on a beau rester dans le même coin, les paysages baignés de neige et de soleil, on ne s’en lasse pas !

Un hommage à Karine Ruby : sur glacier, même sur une piste, même pour manger : on reste encordé.

On peut quand même enlever ses crampons pour proposer charcuterie ou chocolat à tout le monde, sans abîmer les cordes... enfin, pendant le repas.

Débrief fait, le perchiste nous signale que c’est la dernière montée du tire-cul : c’est une vraie tempête de soleil qui décale les horaires et le tarif des remontées de la Grave !

Une shabrakette n’est jamais venue à la Grave : on a le droit de descendre les vallons de la Meije ! Jean-Pat a l’air aussi excité… qu’un guide forcé de descendre la vallée blanche… Une belle neige jaunâtre totalement traffolée, transformée, mouillée, ça fait pas rêver ?

N’empêche que le matin, il faisait écouter le bruit de la benne au téléphone, pour rendre jaloux qui il pouvait…

Donc, on descend les vallons. Plus c’est long plus c’est bon ? Ben on vient de passer 5 jours à faire nos courbes peinards au milieu de pas tant de traces que ça, dans de la neige à point ; même si Guillaume refusait systématiquement les couloirs, on est un peu fatigué d’une part, et on deviendrait presque exigeant de l’autre. Mais bon quand même, le cadre est magnifique, et se suffit à lui-même. Quelle que soit la qualité de la neige, les vallons de la Meije, ça vaut le détour, surtout quand c’est le chemin direct pour rentrer !

On rejoint le 1er tronçon, ça passe plus en dessous. Et dans la descente de la benne, Philippe tente une technique de drague métissée : entre la technique du sud et la technique guenille. Un truc à base de lâché de sac à dos quoi… Moi je tente une technique d’aération métisse : entre le bûcheronnage et la compétition (pour la guenille d’or), à base d’allègement de vitres.

re-oups

On rentre donc au gîte, on met nos chaussures à sécher à l’air libre, sans aucune crainte de se les faire voler. C’est l’avantage de 5 jours de raid : le chien d’avalanche n’aurait même plus besoin de bouger de sa gendarmerie pour nous trouver ! Du coup on a le droit de se doucher avant la suite.

Puis : atelier bière, non remontée sur corde, enfin l’un après l’autre. Oui c’est un peu flou. Non ce n’est pas l’alcool !

C’est l’émotion !

Jean-Pat s’est commandé un sweat guenille. JEAN-PAT A UN SWEAT GUENILLE !

Donc, atelier remontée sur corde : au début ça fait un peu condamné à l’échafaud, on monte sur une chaise pour se pendre…

Heureusement, tout le monde maîtrise la remontée. Mais quand on est en haut, sortie de la crevasse, comment on redescend chercher la bière, restée au fond ?

- Tu bois des bières en crevasse ?

- Seulement quand il y a un gîte où on mange délicieusement bien au fond ! et laisse-moi raconter ! Alors comment ?

- Ben… , en se marrant ? enfin ceux qui sont en bas…

« Quand à la fin d’une chanson, tu te retrouves à poil sans tes bottes, faut avoir de l’imagination pour trouver une chute rigolote »

- Tu ne confonds pas avec la nuit en igloo là ?

- J’ai dit laisse-moi raconter ! Je disais donc :

« Quand à la fin d’une ascension, tu te retrouves à poil en tension, faut avoir de l’imagination pour récupérer ton mousqueton »

 grimpe au rideau

Tout le monde finit tant bien que mal par redescendre, sans aucune chute, mais avec quelques « rigolotes »…

Comme certains sont « sécurisés » (bloqués) en haut de leur corde, on en profite pour soutirer plein de technique à Jean-Pat. Du coup après l’atelier, il en profite pour en passer une ou deux qui l’énerve : atelier lovage de corde ! La technique c’est de le faire avec plein d’amour, comme le nœud de cœur.

Ensuite : Qu’est-ce qu’on mange bien au Pas de l’âne ! À la décharge des autres refuges, le gîte dispose d’un accès par la route, mais c’est bien la meilleure table du raid : bonne idée d’y rester 2 nuits !

Et enfin : dernière coinche du raid : là aussi la fatigue se fait sentir ! Heureusement, double grasse mat ensuite : petit déjeuner à 7:00 demain, et bonne nuit d’ici là !

Fabien

 

Jour 8 : Qualification glacier Jour 2 - Col du Lautaret

Petite journée pour finir. Il ne reste que les enrayages de chutes et mouflages à faire, par contre il y a aussi pas mal de route pour les non-grenoblois.

Le but est donc de finir vers midi, pas la peine de monter à la Grave pour ça, petit dej’ à 7:00 pour avoir un peu de temps, et direction une corniche de neige à 500m du col du Lautaret.

Là, Antoine se charge d’organiser l’atelier. Après une petite démo, on se jette tous joyeusement chacun à notre tour de la corniche, ayant pleinement confiance en notre compagnon de cordée (et son contre assurage…) pour nous arrêter et nous sortir de là.

À part quelques émotions et quelques galères pour retrouver les mouflages en grande partie dues à la (très grande) fatigue cumulée, on se débrouille pas trop mal et tout le monde est sorti de sa crevasse pour midi.

Après un petit speech de Jean-Pat, il finit par lâcher le morceau, on a tous les deux qualifs ! Pas de débrief personnel, on sait tous très bien quand on a fait des conneries pendant le stage (on ne peut pas reprocher à Jean-Pat de mâcher ses mots :).

Vint ensuite la meilleure descente de la saison, avec un peu de marche en bord de route pour remonter au col. Bon c’est officiel, rien n’a changé, le soleil est toujours dans le ciel, et les conducteurs se foutent complètement qu’on soit devenus initiateurs… Aucun respect…

Jean-Pat, Philippe et Antoine s’en retournent dans leurs contrées, et le reste va s’échouer s’assoir à la terrasse du resto, boire des bières et manger du gras pour terminer en beauté.

Des discussions fort intéressantes à propos de la serveuse, un suspense insoutenable pour savoir si Aude et Jérèm vont prendre un dessert, des gros poutous, et chacun s’en repart sur la route…

En bas, il fait 30°C, il y a des fleurs partout, et j’ai l’impression d’avoir été sur une autre planète pendant une semaine...

Aurélien

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