« Poc à Zia »

le 21 février 2017 , par Jean-Louis VIDEAU , 1286 vues

« Partis à 4 pour remonter la goulotte Zia et peut-être traverser les arêtes, nous croisons sur le parking deux camarades du club, qui partent un peu plus tôt et qui auront l’amabilité de nous faire la trace.
Dans l’approche, à partir du lac Charlet, le Loup ressemble plutôt, de loin, à une biquette. L’ours est déçu. En revanche, en vue de Zia, la silhouette caractéristique est plus reconnaissable, gueule en l’air on peut effectivement imaginer un loup hurlant à la lune. Nous rangeons les skis sur les sacs et chaussons les crampons à la place, l’approche commençait à devenir pénible sans couteaux. Ayant remonté le bas du couloir dans la neige correcte, nous nous rangeons rive gauche le temps que la première cordée passe le premier ressaut : poc, les skis tapent la roche quand on se penche en avant. Un relais sur sangle fera l’affaire.
Très vite, notre intuition se confirme : le faible enneigement va rendre la goulotte plus compliquée.
Le premier ressaut paraît insurmontable ; il est contourné par la gauche, en remontant une courte pente à 70° en mauvaise neige rive droite, où Manuel a posé un piton court. Un petit passage de mixte (poc, les skis cognent à gauche, puis poc, au dessus) mène à une traversée scabreuse de 5m pour retourner dans l’axe de la goulotte. Celle-ci nous amène à un second ressaut mixte, avec un peu de glace, fine mais suffisante pour planter les pointes. En labourant un peu la neige peu cohésive, les lames des piolets trouvent à crocheter dans du dur ou dans des touffes. Les protections se font sur coinceur. Une pente de neige raide nous mène à un bon emplacement de relais. Poc, les skis tapent, difficile d’accéder aux belles fissures avec les planches qui dépassent du sac, l’un des coinceurs sera vraiment posé à bout de bras. « L’anneau à Jean-Louis » se révèle bien pratique pour assembler un relais béton. Echange de matériel, nous inversons les rôles pour la seconde longueur, qui démarre facilement par une longueur de neige raide. La dernière cordée jardine en chantant pour trouver à poser des coinceurs pour son relais.
Au ressaut suivant, très étroit, les skis coincent. Poc. Le passage se fait en opposition, on pose la hanche puis le genou à défaut d’arriver à remonter le pied assez haut. Bel exercice, tout dans les bras puis reptation du bassin, on fait confiance aux pioches. L’ours gronde sa satisfaction après avoir passé le ressaut. La fin de la goulotte se profile, on voit le soleil sur les rochers au-dessus. Mais il faut d’abord passer le crux, un ressaut de 4m dépourvu de glace, où les touffes ont déjà été arrachées, et où les cailloux ne tiennent pas. Après le jardinage, on passe au terrassement, il faut vraiment fouiller pour planter les piolets dans la terre et les graviers. On ré-aiguisera plus tard… De chaque côté, le rocher est suffisamment rugueux, les pointes des crampons tiennent bien. Plus qu’à se hisser, on laboure encore un peu pour planter les pioches au-dessus, les mains dans la neige, et le relais final dans la brèche est atteint. On y retrouve le soleil et on souffle un coup.
Après quelque inquiétude sur des chutes de pierres, tout le monde rejoint le confort de la brèche. N’en ayant pas eu assez, Lukas pose son sac et redescend chercher un coinceur oublié. Décidant qu’il n’y a plus guère de motivation (ni d’énergie, ni de temps) pour enchaîner avec les arêtes, nous grimpons à gauche dans les touffes pour rejoindre le sommet et prendre un casse-croûte. Il est alors temps de chausser les skis et de redescendre au soleil par la pente bien raide, dans une neige correcte mais sans plus, jusqu’au lac Charlet puis au parking. Environ 8h au total, une journée bien remplie et un retour avant les embouteillages. »
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