Crime parfait au pied de la Roche fendue.

le 12 février 2017 , par Pierre MAZEIN , 2103 vues

La journée avait pourtant bien commencé. Malgré mon réveil inaudible en mode vibreur à 10m du lit, je ne me réveille qu'avec 16 min de retard, pour une arrivée avec 5 min d'avance au lieu de rdv, avec tout mon équipement. Sonde, pelle, vêtements, appareil photo, gants, planche, bottes, casque, masque, cookies, eau. Je n'ai, cette fois ci, oublié mon DVA que dans cet inventaire.

Nous voilà donc partis par cette belle journée d'hiver (pluie, vent, neige ...) direction l'Oisans, non sans rire en voyant nos collègues déjà en train de chaîner. Ceux là même qui avaient déjà eu la maladresse d'aller faire de l'équitation, ou nettoyer une écurie, bref, une histoire de sabots pas net(te)s, alors que la neige tombait à flots. Les premiers mouvements pour la Guenille d'Or ont lieu, semble-t-il... Matt : attention, Bernie retravaille coup du camion.

Bref, cette journée commence comme une belle journée d'hiver : plus de pluie, plus de vent, plus de neige. Mais pas réellement de changement ?!?

Après cette brève entrevue stratégique avec Aurélie, Matt nous annonce qu'Alex-Jesus. et Mounir montreront la voie à la troupe distillant conseils et directives. (Bernie, Attention, Matt a de la ressource ...)

Et nous voilà tous partis dans cette journée d'hiver, heu, typique.

La journée de tout le monde a l'air de bien se passer, bien que certains visages soient un peu ambigus ...

Cheminant dans la forêt, nous savons déjà qu'au retour nos semelles seront bien re-structurées et nos carres affûtées. Quelle chance, il ne manque qu'une fontaine à fart pour que nos semelles soient refaites... Et ceci par du matériel gratuit, bio et renouvelable. Quelle aubaine. Ma journée se passait toujours aussi bien.

Joli vallon au sortir de la forêt qui nous laisse voir deviner un sacré terrain de jeu. Au moins 60 de fraîche qui pose au calme, assez joueuse pour ne pas attendre nos planches pour dévaler les pentes : nous entendons assez régulièrement des boums et des whooofs (Vaujany), ainsi que quelques whoofs parci-parlà. Bref, cette neige se pose calmement, du calme des enfants turbulents.

La progression n'est pas évidente en raison des multiples dévers qui bordent la voie qui nous mènera à cette fameuse roche fendue, de la neige profonde, plutôt lourde, et qui ne demande qu'à partir en turbulanche.

Nous devons nous rendre à l'évidence : le temps passe, il est toujours aussi typique de la saison, la neige est de plus en plus joueuse, un poil trop pour nous et après une pause au sommet d'un éperon probablement dans un endroit aussi magnifique que ce qu'il était venté, nous amorçons la descente dans le grand blanc.

Descente tout en sensations et au toucher de spatule, ou de bâtons pour les Guenilles expérimentées qui tâtent le terrain.

Pour les autres : si ça fait crac devant les orteils plonger en avant les bras écartés pour esquiver ou mettre tout son poids sur les talons pour contourner, si ça fait crac sous le nose, passer par dessus. La base du freeride, quoi.

Le relief est, comment dire, surprenant (?), mais il pardonne : il y a vraiment une belle épaisseur.

Après la première partie de la descente, nous atteignons la lisière de la forêt pour un bref pic-nic : nous sommes tous plus ou moins bien trempés, à peine réchauffés par la descente.

L'ambiance est bonne, les boules de neige volent.

Willy m'attaque en fourbe mais je le contre talentueusement et il se couchera bientôt afin d'implorer une clémence que je lui accorde, naturellement.

Le thé et la délicieuse gnôle de Matt achèvent de requinquer tout le monde, pourtant, c'est là que ma journée se gâte.

Ca commence à parler CR de sortie. Au début j'ai cru que ça venait de la montagne, une rumeur sourde, feutrée par la neige qui tombait encore et toujours. En fait ça venait de tous, qui me cernaient. Le crime parfait. On n'est jamais trahi que par les siens, me dis-je une fois de plus ...

 

 

 

 

 

 

Il allait falloir que moi, qui ne sait pas ce que vaut intégrale de 0 à l'infini de exp(-x^2) (alors que le premier venu au comptoir des Guenilles sait, avant même sa première bière, que ça n'est pas la meilleure façon de calculer racine carré de Pi ;-) ), qui ne sait pas lire (même une BD) sans m'endormir, qui aurait probablement été abhorré par LE grand Pierre Desproges tant mon inculture est crasse (et en plus j'écoute de la musique électronique), je me vois chargé de rédiger un texte.

Je me dis tout à coup que j'aurais mieux fait de rester couché. Il fait un temps de merde, on se caille, on n'a pas pu aller en haut, parce qu'on n'avait pas la caisse pour le faire en temps raisonnable et que nous redoutions cette neige turbulanche. On a passé la moitié de la descente à flipper au lieu d'envoyer (ceci est pour les snowboarders car, comme chacun sait, un skieur n’envoie qu’à la montée :-p ). Nous avons fait la plus grande partie de la trace pour des chanceux qui viendront se goinfrer mardi ou mercredi, et en plus il va falloir que je débranche mon joystick pour bancher un clavier sur mon ordi ce soir. Ô, destin funeste.

Pour l'instant il y a de le neige à tasser et ça tombe bien nous sommes tous ré-équipés : direction le sentier de rando de 1 m de large qui traverse la forêt sous les sapins.

On va s'occuper de nos semelles, façon lavage automatiques à rouleaux programme séchage-polish, fartée à la résine, raclée à la racine, structurée à la pierre, comme anticipé à la montée. A priori, ça fait beaucoup de choses à faire simultanément : gérer la trajectoire, éviter les branches et s'occuper de la semelle, mais bizarrement ça se fait bien. Cric, crac, toc.

Après quelques coups d'épaules peu dignes (que ne ferait on pas pour ne pas freiner, et ne pas payer la sienne) pour fermer des virages qui passaient pourtant à fond à la montée, nous finissons par déchausser afin de finir par une petite marche forestière de décrassage, comme tout athlète qui se respecte.

Il y a bien de la neige dans cette forêt, mais sur les sapins, pas dessous.

Bref, nous voici au parking en train de brosser la neige de tout ce que nous avions emporté à l'aide de quelques balayettes très "CAF-spirit" qui on eu l'air d'émerveiller tout le monde tant c'était nouveau et pratique pour éviter l’inondation du coffre. J'ai même entendu demander où il fallait les ranger.

Je propose + 10 points d'expérience d'organisation pour les guenilles présentes, - 10000 points de charisme pour celle qui a demandé la ranger.

Direction le bistrot, où nous avons retrouvé nos cavaliers du matin. Leur façon de se baffrer de frittes chaudes et grasses, de croque-monsieurs débordants de béchamel fondante trahissait de façon évidente leur grande frustration, conséquence de leur choix peu judicieux. Frustration qu'ils compensaient par la bouffe. CQFD. Mon souci du détail des assiettes ne trahit, lui, que mon souci du détail.

Une rando pleine de potentiel, qu’elle n’a pas révélé ce jour. A refaire.

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