Chasseurs de poudre en Val Germanasca

le 1 mars 2023 , par Bernard POULIQUEN , 392 vues

Avec cette année post Covid, je souhaitais revenir vers le Piémont italien et retrouver après 8 ans ce Val Germanasca qui nous avait tant fasciné en 2015 après un retour d'Est qui avait apporté 50 cm de poudreuse sans vent. Il n' y avait pas eu besoin de chasser la poudre : elle était là. Cette fois-ci, la situation était différente, malgré une chute 15 jours auparavant l'enneigement était correct sans plus.

J1 : 4 heures de route quand même via 3 cols : Lautaret, Montgenèvre puis Sestrière avant de descendre le Val Chisone (prononcer KIsoné) où une première course nous attendait : Le Monte Morefreddo, au départ de Pattemouche, au début du Val Troncea (prononcer Tronchéa). Course en versant Nord Ouest, assez tranquille à la montée, longeant un vieux télésiège abandonné (sorte de futur annoncé pour certaines de nos stations !). Du grand beau temps, pas un skieur dans cet horizon, au loin tant de montagnes depuis le Viso juqu'à la Ciamarella, une partie de l'arc alpin à l'envers vu d'Italie en quelque sorte.

Avec cet hiver bien sec, redescendre par l'itinéraire de montée dans une neige brûlée par 15 jours de beau temps était peu engageant : les traces dans le vallon au sud paraissaient tentantes, sauf que travailler à vue une descente non visible du sommet et non décrite avec la cartographie italienne n 'est pas simple (voir ci-dessous).Gilles évaluait cela de façon plus intuitive : s'il y a une trace, ça passe. Pour un encadrant, c'est un peu plus complexe. Je me doutais bien que la pente serait soutenue, plein sud, mais la stabilité du manteau neigeux nous a donné une pente en moquette de 35° merveilleuse à skier, avant de trouver de la poudreuse plus lourde en SO, le bas de la pente en forêt pour rejoindre Pattemouche étant à l'avenant.

Avec un cioccolalo caldo (bien épais, mais la cuillère ne tenait quand même pas toute seule verticale dans la tasse), encore une heure de route pour Prali, centre du Val Germanasca, vallée enfoncée, séparée des vallons d'Abriès par de longues vallées. Nous y étions attendus dans la Granjo Novo, petit gîte familial, où les repas du soir étaient variés, avec des antipasti le premier soir que certains ont regretté de ne pas avoir commandé.

J2 : Le lendemain, nous partons à skis de la Granjo Novo pour rejoindre le col de Rousset au pied du Mont Peigro, dont nous envisageons de faire le tour.

Je vise une trace confortable dans la poudre pour ceux dont la carcasse n'aime pas trop les neiges dures.

Arrivés au col, le versant sud est très tentant , mais les cailloux du bas du vallon et le manque de neige nous font hésiter. Après avoir partagé la proposition, c'est parti pour une descente dans une moquette parfaite. Plus bas, la pente raidissant, il n'y a plus de neige et nous voilà devenus randonneurs sur un chemin à flanc. C'est toujours un grand plaisir pour moi de faire un tour : cette solitude quand on traverse les cols crée une certaine magie.

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2 heures de montée pour le col Giulian pour retrouver un versant nord : Petite combe qui se resserre et s'échappe à notre regard, signe d'une pente soutenue à venir. Cette pente soutenue, protégée du vent, faite de " neve farinosa " accueille nos skis avec douceur.

Nous avons trouvé le gisement, un peu comme un petit glacier réfugié plein nord. Plus bas dans la forêt, le soleil a un peu ramolli la neige dure du matin et la piste nous ramène au gîte.

 

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 J4 : Nous partons pour le vallon de Tredici Laghi (des 13 lacs) sous les nuages : l'accès est assez long avant de déboucher dans un magnifique large vallon hors des nuages : nous traversons à skis sur le lac. Je ne sais pas si c'est la beauté du paysage mais le groupe est bavard avec beaucoup à raconter.

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 Une remontée d'une pente neige et cailloux nous conduit à une crête et à une descente d'une pente couloir très bonne à skier. Nouveau gisement de poudre avant de retrouver une neige plus médiocre dans la forêt qui a un peu fatigué mon genou.Le groupe est ravi de cette traversée.

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 Ce fut avec une bonne équipe homogène et solide, un beau séjour finalement en terme de ski, toujours réussi pour l'accueil et la nourriture des Piémontais, pas si facile à organiser pour à la fois remplir les voitures et réserver l'hébergement.

Merci à Cécile, Nicole, Véronique, François et Gilles pour leur entrain.

 

 

Note sur la cartographie italienne :

Avec la cartographie en Italie, se représenter mentalement le relief pour une descente à vue ; c'est faire un assemblage de données de 4 cépages comme un bon vin de Bordeaux:

se faire une première idée avec les cartes papier Fraternalli, issues de courbes de niveau OTM (mais en oubliant les microreliefs non représentés), ombrées, utile pour un relief d'ensemble

vérifier avec la carte militaire IGM qu'il n' y a pas de barres (mais ne pas espérer se répresenter mentalement le vallon ou la pente)

compléter en finesse avec la carte Sorbetto qu'avait récupérée François

vérifier la carte des pentes (jaune, orange, rouge) pour estimer la raideur de la pente à descendre

crédit photo: Nicole, Bernard

 

Evénement lié : 2023-02-20 - Ski en Piemont italien 1200m 1400m 2.3/3.1 / 350 m/h
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