Madame lost in pow pow chapow

le 6 avril 2022 , par Florian BERTHELOT , 271 vues

Combe Madame Lost in Pow

Samedi 02 Avril, Gémo Meylan, 11H15. Tous les arrivants de la sortie Guenilles sont au rendez vous fixé à 11H pour cette sortie printanière tant attendue : il fait gris, du vent, 10°C, il neige depuis Jeudi matin non-stop, le BERA annonce un risque 3 et plein de peuf ; tous les éléments sont réunis pour un beau weekend cabane dans la Combe Madame.

Nous sommes 5 au départ : Joris le seul raquettiste, Thierry et Pierre en split et Julia et Florian à ski.

Arrivée au parking du départ vers 13H : il neige à gros flocons, ça passait limite limite sans chaînes sur la route, les sacs à dos sont énormes mais personne de cette vaillante équipe ne se débine.

Joris sort les chapeaux, poncho et les sacs sont blindés : bois, scie, fromage, cubi de vin, masque de catch et SM. Le weekend ne sera perdu pour personne, c'est désormais une évidence !

 Quelle belle équipe de vainqueurs, avec du matos à la pointe pour afronter des conditions extrêmes et en prévision d'un plaisir intense !

Tout commence à merveille : qui peut se vanter un weekend d'Avril de chausser directement sur le parking ? Il y a 20cm de fraiche de partout, la neige est froide, on croise des biches dans la forêt, le débat Split / raquette n'est pas encore entamé que nous sommes ravis de voir qu'il n'y a aucune trace de faite : le refuge et sa soirée feu de bois - chapeaux sera pour nous seuls !

Hélas ce qui nous réjouissait tant au début a vite été une contrainte : pas de trace… L'épaisseur de neige  forcit, le premier transpire tandis que les autres se refroidissent et les conversations philosophiques raffinées font place au bruit du vent glacial qui nous accompagne.  A un moment on suspecte les spliteux traceurs de nous perdre tellement c'est bâché, on perd le chemin  au milieu d'accumulations de plus de 60cm et Joris, malheureux raquettiste, galère et tombe à plusieurs reprises dans des trous desquels il ne peut s’extraire seul. On suspecte le jeu de carte du vieux campeur d'être responsable du poids écrasant de son sac à dos.

Plus on monte, moins on parle, plus on a froid. Et surtout plus on se rend compte de la quantité de neige fraîche, on est bien plus près des 60 que des 30-40 annoncées dans le BERA. Plus personne ne parle mais nous pensons la même chose : le risque 3 semble sous-évalué, et la course du lendemain semble largement compromise. On pense plus qu’à une seule chose : il est encore loin ce foutu refuge ??

On arrive au refuge non sans mal, dans cette peuf qui nous arrive mi cuisse. Le temps de s'installer et nous pouvons enfin profiter de notre repas de midi : il est 17H45. C'est donc un nouveau record qui a été établi, 5H de montée pour 700m.

Joris qui arrive à décrocher un sourire dans un vent glacial, après 5H de montée en galère avec les raquettes, sans même s'apercevoir qu'il avait arraché un demi arbre ... On note la magnifique visibilité.

On est tous d'accord sur le fait que demain nous ne sortirons pas. On enchaîne assez rapidement démarrage du poêle, vin chaud, retour des chapeaux, apéro, débats endiablés sur la distance réglementaire entre le refuge et la première crotte sauvage autorisée, débats sur les massages Ouzbèques et blagues diverses : savez vous ce qu'est 2 Africains dans un sac de couchage ?.. bref le moral est de retour et la soirée passe en un clin d'œil (contrairement à la montée…).

Repas de midi à 17H45

Bois de chauffe pas très sec, laissé par les précédants..

Le lendemain, réveil très matinal (8H30) pour bien valider que nous ne ferons rien aujourd’hui. Nouvelle blague sac decouchage : qu'est qui a une gore tex bleue, des skis jaunes fluos et qui a froid dans un sac de couchage ? Un Mister Freeze… L’ambiance est là, on quitte le refuge sous quelques éclaircies, nos traces (véritables tranchées) de la veille sont quasiment rebouchées.

Magnifique vue matinale (10H) au départ du refuge, retour à la voiture.

On croise quelques têtes brûlées qui sont parties du parking pour le Rocher Blanc malgré le BERA qui est monté à 4 (nous n'avions pu le consulter car pas de réseau là haut). Nous restons sur cette décision de redescendre à la voiture.

Joris trouve judicieux de mettre un peu de glace sur sa semelle afin de ne pas glisser, de toute manière, avec 60cm de fraiche et sur une pente à 20° ça ne glisse pas....

Adieu ce fantasme de super peuf volante à chaque virage... et bonjour la galère ! Malgré la peuf pas moyen de faire le moindre virage, au mieux on trace tout droit, freinés par la quantité de neige sur nos genoux et cuisses.

On galère, Thierry fait le crabe pour tenter de se sortir d'une mauvaise passe près d’un ruisseau, Joris a de la neige jusqu'aux hanches, Florian et Julia ont du mal à déjauger leurs skis... Seul Pierre semble pas trop mal se débrouiller en choisissant un itinéraire proche des sapins avec l'option "fait racler ta board sur tous les cailloux du vallon". Au moins, lui ça glisse et il peut tourner.

Quelle belle poudreuse, sans pente... on ne le savait pas encore mais la galère faisait que commencer.

Sans doute l'un des seuls virages de la descente

Thierry faisant la chenille en tentant de se dégager d'une mauvaise passe.

Redescente dans la forêt.

Des phrases clés fusent comme "un snowboardeur intelligent est un snowboarder qui ride avec des skieurs" ou même encore "heureusement qu'il y a les skieurs pour nous faire la trace à la descente"... Il semblerait que la vérité éclate enfin et les valeurs erronées des Guenilles se soient envolées et que la vérité vraie éclate enfin !

Après 2H30 de descente entre embourbage et raclages divers, on déchausse enfin dans la forêt pour finir à pied. On chante la bande originale de Jurassic Park et Tinin, on est en forme. Julia  se roule dans la neige mais personne ne comprend vraiment pourquoi, sans doute les seules sensations de glisse pour tout le weekend.. Pour toute l'équipe c'est le soulagement : "enfin on porte", "je me demandais ce que je foutais là", "content que ce soit fini", "hâte d'être chez moi"...

Autant d'expressions de joie pour qualifier un weekend de ride purement réussi.

Portage sur la dernière portion, enfin une valeur sûre, la Guenille est à l'aise et dans son élément.. On note encore le chargement de sac digne de l'élite du PGHM.

Débrief :

Dans ce descriptif d'un wekeend cabane (et non ride) très réussi, nous avions tous lu le BERA et nous nous étions dit que la course du Rocher Blanc pourrait se faire. A la montée nous avons tous réalisé que le BERA était sans doute sous-estimé et étions tous d'accord pour nous dire que malgré les éclaircies de dimanche, il n'était pas prudent de s'engager plus haut : les contre-pentes sont dangereuses dans ce secteur. Nous avons donc renoncé et fait demi tour, ce qui n'a en rien empêché que nous avons passé un très bon weekend !

Nous avons prévenu les 8 personnes qui montaient au Rocher Blanc de notre décision mais ils ont continué. Nous, on l'aurait pas fait...