La cascade de glace, une appellation envoûtante et un imaginaire foisonnant. C'est autour de ces notions qu'Arnaud a réuni un petit groupe de 5 passionnés de montagne afin de les initier à cette pratique. Chacun venait avec sa propre expérience : certains n'en avaient vu que de loin tandis que d'autres avaient déjà pratiqué une ou deux fois. Les envies aussi diffèrent, découverte et premières sensations pour les uns, quête d'autonomie pour les autres. Un groupe hétérogène centré sur l'envie d'apprendre à évoluer sur un milieu changeant et éphémère mais jamais aléatoire. Le plan est le suivant : 4 jours de grimpe, 3 nuits en bivouac en tente d'expédition. 

 

 

Arnaud, Hugo, Romain, Theophile, Thomas et Tom. Du parking de l'Anneau de Vitesse à celui des cascades artificielles de Bessans en Haute-Maurienne, les présentations sont faites. La météo est bonne : il fait beau et "chaud". Équipés d'un piolet dans chaque gant et de crampons aux chaussures, on enchaîne rapidement sur un tutoriel de grimpe sur glace : haut les bras et lame plantée, on monte les pieds et répète la manœuvre. Facile, non ? Petit à petit, on laisse place à la finesse dans les mouvements : le piolet se fait plus léger et maniable, les crochetages plus nombreux et la glace vole de moins en moins en éclats. Malheureusement pour Hugo, récemment remis d'une luxation de l'épaule en ski, il y aura récidive et un petit passage à l'hôpital devant l'incapacité du groupe à défaire la luxation...

En attendant son retour avec une épaule remise, on apprend ou révise les techniques de brochage et abalakov. On enchaîne sur le montage de la tente d'expédition (pas une mince affaire), puis nous nous voyons récompensés par un bon repas au chaud. Durant la soirée, on découvre notre initiateur à travers de bonnes anecdotes en montagne, pour la plupart que l'on est ravi de vivre seulement à travers son récit, au chaud.

L'appréhension d'une nuit en tente par -10/-15°C n'est pas inexistante au sein de l'équipe... mais il est trop tard pour s'échapper !

 

 

 

La nuit a été surprenamment agréable, personne n'est frigorifié et tout le monde a dormi : en route vers Bonneval-sur-Arc et les cascades de Saint-Landry. Après avoir posé des bases techniques la veille, l'idée de cette journée est de s'initier à la grimpe en tête sur des cascades faciles. La glace est d'un bleu profond qui donne confiance, le soleil éclaire l'autre côté du vallon, et tout le monde a hâte de s'y mettre. Premières longueurs effectuées, les joies et émotions de la tête découvertes... On se sent prêt. C'est parti pour la cascade du milieu, une ligne en 3 longueurs, terminant par un cigare imposant vu d'en bas. Dans la première cordée Arnaud-Thomas-Tom, Arnaud combine L1 + L2, plus courtes que prévu et Tom passe le cigare avec une sortie en glace fine. Dans la seconde, Théophile et Romain montent en réversible avec Romain terminant le cigare.

Dôté d'une première expérience, on redouble d'efficacité pour monter le camp, de nuit cette fois-ci (trop facile sinon) avant de s'offrir une fois de plus un repas au chaud.

 

 

Le jour 3, c'est le jour de l'aventure. Une cascade non référencée, Arnaud l'a découverte en été et croit qu'elle doit être en glace au vu des conditions et de son exposition. On embarque vers le fond de la vallée, visant les Gorges de la Reculaz. Peu à peu, le soleil nous quitte, le vent démarre, la température chute : on est dans la bonne direction. On suit les gorges, encaissées et sources de nombreuses fissures que les grimpeurs estivales s'imaginent sûrement à grimper dans des conditions plus propices à laisser ses doigts à l'air frais. Après une bonne heure trois-quart d'approche, on aperçoit le colosse pour lequel on est venu : il semble être en glace. Mais plus on se rapproche, plus on discerne certaines parties du mur aux conditions très douteuses : le ruisseau n'est pas loin derrière. Un beau mur de 30 mètres de haut, pourtant difficilement grimpable en tête sans prendre de risques injustifiés. Que faire ? Arnaud et Théophile partent explorer le dessus de la cascade, facilement accessible, et s'affairent à poser une moulinette. Ce sera une belle escalade que l'équipe s'offrira, dans un solide 4+ et des conditions de cascade comme on se les imagine habituellement - très froides. 

On terminera la journée par des exercices d'alpinisme - techniques d'encordement et sauvetage en crevasses - avant de prendre le chemin du retour. Nous passerons une courte nuit hébergés sur la route de Courchevel chez Romain qui nous sauve une nuit en bivouac, objectif repos avant de clore cette initiation en beauté.

 

 

 Le but de cette journée est de cristalliser les apprentissages des trois derniers jours, et quoi de mieux qu'une cascade de 200m en belle glace bleue pour ça ! Un sentier descendant nous amène au pied de la cascade et nous y trouvons contre toute attente... du soleil ! On s'inquiète que les conditions se dégradent si le reste de la cascade est aussi ensoleillé : fausse alerte, ce n'est qu'une petite partie de la première longueur qui a la chance de voir directement le jour. Théophile s'engage dans la première section et enchaîne sur la longue fin en neige, confectionne un relais et est vite rejoint par Tom qui s'engage dans L2, une belle longueur raide et continue. Impressionnante du bas comme de dedans ! En attendant la cordée de 3 qui ramènera le matos, Tom et Théophile profite de la vue ambiance sur le vallon et de l'ambiance qui en émerge. Arnaud s'engage dès son arrivée dans le cigare raide suivant menant à la dernière longueur avec la sortie en glace fine, que s'offrira Thomas. Les stalactites qui siègent sur notre gauche coulent un peu... La saison tire à sa fin. 

 

Et quel dommage que ce soit déjà fini, car nous commencions à y prendre goût. Tous satisfaits de nos apprentissages, on reprend la route vers la maison - des souvenirs pleins la tête, et avec hâte d'être à l'année prochaine pour recommencer !