CANYON LLECH

le 21 juillet 2021 , par Thomas MICHON , 380 vues

Lundi 12 juillet 2021, 07h00

Quelque part dans le sud-ouest de la France. 

 

*Riiiing riiiiing* 

Déjà le réveil sonne…

 

Pourquoi si tôt ?? Et où sommes-nous, d'abord ?! 

Perchés à plus de 2000m d'altitude, sur un emplacement de bivouac trouvé sur park4night, on se trouve tout prêt de la frontière andorrane, à moins d'une heure de route de notre première destination.

Alors non non non, on a pas du tout prévu de tester les canyons andorrans. On fait juste une virée shopping entre filles quelques emplettes détaxées. Tant qu'on est dans le coin, autant en profiter (paraît-il). 

 

Une fois la dure réalité du réveil matinal avalée (finalement l'un des plus tardifs du séjour, mais c'est une autre histoire… ), on se souvient qu'on a l'ami Piero à aller réveiller dans sa tente. Enfin, si la tente est toujours là, après la tempête qu'on s'est prise pendant la nuit… 

Bonne nouvelle, il est toujours là. À priori, la MSR Elixir, c'est de la qualité ! 

Bref, on se fait un petit-dej' vite fait bien fait, on remballe tout et on décolle. C'est qu'on a pas mal de route à faire aujourd'hui. 

Arrivés en Andorre vers 9h, on complète nos courses de nourritures, on profite d'un plein d'essence pas cher (1.05 le litre de diesel quand même), et on récupère la came 😎. 

Ça y est, c'est reparti, les canyons nous attendent.

 

PAS SI VITE ! 

Trois mecs louches dans un van, ça passe pas la frontière comme ça… 

Encore un contretemps ?! Mais quand est-ce qu'on la goûte, cette fameuse eau du Llech ?! 

On montre donc patte blanche, on leur dévoile nos achats, et après un rapide contrôle, on roule à nouveau ! 

 

2h de route plus tard, on a passé Prades, et il ne nous reste qu'une quinzaine de minutes de piste terreuse pour atteindre le parking. 

Sur cette piste on croise un guidos avec son fourgon, et quelques voitures. On prend alors les paris sur le nombre de voitures qui seront présentes au parking. On a beau être un lundi, on va quand même faire le Llech (LE LLECH !!!?!), en pleine vacances scolaires. 

Quelle ne fût pas notre surprise quand, en arrivant, on ne compte que 4 véhicules ! (Toto était le plus proche, il avait misé sur 5 voitures !) 

On se gare entre un fourgon de canyonistes et un couple de randonneurs belges. 

 

En discutant avec les collègues, ils nous expliquent que le guide leur a dit que le canyon est interdit les lundis et jeudis. Mais que lui, beh il avait oublié. Et c'est en ne voyant aucun guide qu'il s'en est souvenu… bah tiens. 

Bon, il leur a quand même conseillé d'y aller, ce que lui-même avait fait avec ses clients, parce que ce serait quand même dommage de rater ça. 

On vérifie l'arrêté préfectoral rapidement (c'est facile, il est placardé au parking). Aucune mention de jours autorisés ou non. Ne risquant donc pas 1500 euros d'amende, on choisit d'y aller également. 

 

On grignote en vitesse, on fait les sacs et on se met en route. Une petite trentaine de minutes de marche est nécessaire pour atteindre l'eau. 

Mais ça y est. Enfin. On la voit.

Quelques minutes s'écoulent, pendant lesquelles on s'équipe. 

Tout le monde est prêt. On a fait le choix de partir avec 2 kits, et 2x40m de cordes. 

On a bien révisé le topo, et normalement, la corde ne sort du sac qu'une seule fois ! (en plus le guide avait dit aux collègues que tout passait ! ) 

Aller, c'est parti ! 

 

Belle entrée en matière. Le premier ressaut de 6m se saute. Parfait. Bon, les topos le déconseillent, et demandent d'être prudent. Analyse de la situation, on repère les pièges possibles (margelles, blocs, etc…). 

 

On estime que le saut est risqué si on vise le bouillon, mais ça a l'air nickel derrière l'avancée rocheuse. J'y vais en fusible… et c'est parfait ! Ça demande juste de pousser un peu. Pas de souci, tout le monde le sent, et l'effectue parfaitement. 

 

S'enchaînent quelques toboggans, de manière croissante. T3, T3, T8…. T12. 

Bon, le T12, comme ça, il fait pas rêver. 

Déjà, il est quand même sacrément vertical. 

Et puis, il commence par une cascade sur le côté, avant de faire le toboggan à proprement parlé, dans un sens perpendiculaire. 

La vue du sommet du T12. L'eau déverse vers la gauche, mais le tob va de bas en haut. 

 

Ça y est, ça se dégonfle, et la corde est sortie. Je passe en premier, alors je dis stop quand je la vois arriver au milieu du tob. Après tout, le guide a dit que j'peux ! 

Je mets mon Oka en mode rapide, je commence à descendre le premier escarpement rocheux, et me mets sur le dos dès que j'atteins le tube du toboggan. Je descends quelques mètres de plus, et la tentation devient alors plus grande que la prudence. Je lâche tout. *Zzwwiiiiip*, *clac*, *plouf*, *blblblbl*. Ça passe nickel. Du fond de l'eau, j'essaie de repérer d'éventuels obstacles autour de moi. Rien. C'est immense, super profond… j'en informe les copains (ou plutôt, j'essaie, c'est que ça en fait, du bruit, une cascade). 

 

On sort de la vasque, pour trouver une main courante câblée rive gauche. Si mes souvenirs sont bons, elle shunte une cascade, mais permet surtout un joli saut de 9m dans la vasque. Super ! 

On arrive sur le promontoire, et Toto passe le premier. Parfait, il pourra faire des photos avec sa GoPro 😍

*Plouf*

Il nous fait signe que tout va bien. On s'élance à sa suite. 

*Plouf* x2. 

Encore mieux, la main courante permet également de remonter faire les sauts. On va donc s'essayer au saut pour enfants, à 6.5m de haut. (eh oui, il faut essayer toutes les attractions du canyon !) 

 

Le saut en question. 9m depuis le bloc de droite

 

Il ne nous reste plus qu'un sympathique T10 avant de terminer la première partie de ce canyon. 

 

On parcourt ensuite sur quelques dizaines de mètres un chaos de bloc, et quelques ressauts mineurs (R1, R2…). À noter une légère odeur de souffre. Le topo indique une "Source sulfureuse", ce n'est donc pas une surprise. À noter également un ressaut "casse tibia", qu'on est pas vraiment sûr d'avoir trouvé (pourtant, on a testé TOUS les toboggans, des plus petits aux plus grands). Une inscription en rouge est censée être présente, mais aucun d'entre nous ne l'a vu. 

 

Le canyon nous présente finalement un nouvel encaissement, c'est reparti ! 

Quelques sauts et toboggans nous amènent devant un T6, le "casse coude", qui se déverse dans la "machine à laver". 

On repère tout de suite le caillou qui a du faire la connaissance de nombreux coudes. 

Ça fait quelques temps que j'ai pas été le cobaye, alors je me dévoue. 

J'envoie d'abord mon sac sonder à ma place. Il n'y a pas l'air d'y avoir beaucoup d'eau, mais la dalle se relève sur la fin et l'entrée dans l'eau est assez horizontale. Le sac tourne un peu dans la vasque, mais le débit correct fait que la machine à laver n'a rien de dangereux aujourd'hui. 

Je rentre mon coude, et je me lance. *Zzwiiip*, *plouf*, *bam*. 

Le coude n'a rien, mais la dalle fait un violent virage juste après être entré dans l'eau (ce qui crée la machine à laver). C'est quand même peu agréable pour les hanches et les côtes. Je conseille à mes deux comparses de faire le tour. 

Une main courante et un rappel leur permet de me rejoindre dans la vasque suivante (malheureusement trop peu profonde pour pouvoir y sauter). 

 

On arrive alors à une des parties les plus célèbres du canyon. LE toboggan éjectable. 

Étant le premier dans la vasque, j'utilise la main courante fixe (câblée, au-dessus de la partie toboggan) pour aller observer la chose. Le toboggan, descend en pente douce sur peut-être 6-7m, avant de se déverser de 8m de haut dans une immense vasque. 

 

Toto se motive et s'élance le premier. Perché sur ma main courante, je suis aux premières loges. 

Il glisse, il glisse, il glisse, il gliss- Ah non, il tombe, il tombe encore, et *Plouf*. 

 

Il est vivant, et a l'air heureux. Piero s'élance donc, et je ferme la marche. Ne pas hésiter à prendre beaucoup de vitesse dans le toboggan, c'est ce qui évite de finir sur le ventre après l'éjection ! 

 

Piero en plein éjection (c'est plus gros en vrai) 



Le canyon se poursuit alors avec le seul ressaut nécessitant une corde. Bon, OK, on l'a déjà sorti 3 fois, mais là c'est OBLIGATOIRE. 

Du sommet de la C15, on aperçoit la suite et fin du canyon. C'est très joli, les 5 ou 6 vasques suivantes se succèdent, tantôt à droite, tantôt à gauche. Et c'est triste, parce que ça veut dire que c'est bientôt fini… 

On passe donc la C15 en rappel. On avait presque oublié ce que c'était. 

S'en suivent quelques jolis toboggans, et on atteint les trois dernières vasques, qui se contournent par une main courante. 

 

Il est encore "tôt", peut-être 15h. On a prévu de faire le Llech une deuxième fois, alors on ne perd pas de temps. Une rude montée nous attend. 

On se change, et on attaque la montée. Elle est très raide jusqu'à rejoindre le parking et la voiture, où l'on reprend l'itinéraire de montée, plus calme, qui suit la piste carrossable, avant de piquer vers le canyon 1km plus loin. Un peu moins d'une heure plus tard, nous revoilà au point de départ. 

On se pose pour goûter un instant, puis on s'équipe et on repart. C'est encore mieux quand il n'y a pas à envoyer quelqu'un au casse-pipe, on sait déjà tout ce qui passe, et comment ça passe. 

 

Cette fois-ci, la corde, on lui dit non. On arrive au T12, et je demande à Toto sa longe pyrénéenne. Je l'accroche au relais, et je me sers d'elle pour me placer le plus à la verticale possible du toboggan. Une petite prière, et je lâche. 

 

Le toboggan vu d'en bas

 

Pour tout vous dire, le tob', je l'ai pas tellement vu. C'est autant de la chute libre que du toboggan. Il doit être pas loin des 80° d'inclinaison… 

M'enfin, ça fait un gros *Plouf*, alors c'est cool ! 

Piero fait de même, et malheureusement Toto doit récupérer sa longe, et se voit obligé d'utiliser la corde pour accéder au toboggan. 

Le reste du canyon se passe sans encombre jusqu'à la C15, et on s'amuse comme des petits fous. 

A la C15, Toto veut nous montrer comment installer un guidé du haut. Il descend donc le premier, et va attacher la corde de l'autre côté de la vasque. 

Il nous rejoint alors via une splendide remontée sur corde dans l'actif (on a quand même eu pitié et fait en sorte de dévier l'eau de sur sa tête). 

J'installe le guidé en suivant ses instructions, et on descend tous là-dessus. 

Bon, la vasque n'était pas très longue, et le point assez haut, donc on n'touche pas l'eau du tout, mais c'était un bel exercice ! 

 

On finit alors le canyon tranquillement, redoutant la dernière montée jusqu'à la voiture, qui approchait rapidement. 

On expédie ça, et on se retrouve au parking, seuls. 

 

Le lendemain, une grosse journée nous attend. On se met donc en quête d'un spot de bivouac pour la nuit, où l'on pourra enfin déguster une bonne bière bien fraîche pour célébrer cette journée et préparer la suivante ! 






Evénement lié : 2021-07-12 - STAGE CANYON - Pyrenee-Oriental
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