Vieux Chaillol : des guenilles sans guenillage ?

le 29 janvier 2021 , par Gilles DIEUMEGARD , 275 vues

Où aller faire du dénivelé par un beau dimanche de janvier avec un risque d’avalanche important ? Les Guenilles sont au rendez-vous du soleil et de la peuf tombée pendant la nuit, avec le Vieux Chaillol et ses pentes à moins de 30°. Enfin mefiate tout de même, rien ne remplace la vigilance sur le terrain. Comme il faut bien un peu de guenillage, les encadrants s’emmêlent les pinceaux entre les mails, les inscriptions et le lieu de rendez-vous. Mais ils savent aussi retomber sur leurs pattes, et à 8h15 tout le monde arrive en même temps sur le parking de Chaillol. Pour une fois la suprématie des nivoplanchistes est bien respectée avec Michael en raquettes + board ; Alex, Fab et Greg en split ; et seulement deux skieurs, Maël et Gilles. 1600 mètres de dénivelé au-dessus de nous, 7 kilomètre, il faut être rentrés à Grenoble pour 18h00, donc le contrat est clair : on n’est pas là pour trier les lentilles.

On attaque illico par des préliminaires dans la merveilleuse forêt du père hiver qui embellit les mélèzes, mais s’entend aussi bien à congeler la guenille.

Chaillol 1

 

 

 

 

La forêt du Père Hiver qui cailleu

Heureusement on se réchauffe bientôt dans les premières pentes, où un groupe plus matinal a déjà fait la trace. Mais on les croise bientôt dans le sens de la descente : « on n’a pas assez d’expérience, avec les risques d’avalanche on préfère faire demi-tour ». Sage décision. Tous les choix nous reviennent donc, dans une pente qui sur le papier est à moins de 30° mais sur le terrain en est tout proche. Maël trace précautionneusement entre les rares arbres, réfléchissant en permanence sur l’option la moins risquée, et nous le suivons bien à distance les uns des autres en nous calant sur son rythme

Chaillol 2

 

 

Traçage dans la pente, on s'espace

Bientôt un autre groupe nous talonne, on leur demande de garder de l’espacement, ce qu’ils respectent eux aussi. Mais un peu plus tard vla t’y pas qu’un peloton serré de 5 skieurs mené par une star locale entreprend de doubler tout le monde, Ortovox F1 de la haute époque (non je suis mauvaise langue, ça devait être le F1+) en bandoulière par-dessus la veste, assénant à qui veut l’entendre la certitude qu’ « en 40 ans, il n’y a jamais eu une seule avalanche ici ». OK, chacun se rassure comme il peut, en tous cas on leur laisse volontiers le job de déminage, surtout qu’en la matière leur wagon de cinq doit être plutôt efficace.

Chaillol 32

 

L'équipe de déminage en plein action sous le Col de la Pisse

Au col de la Pisse le sommet apparaît, avec un premier panorama sur le Dévoluy. On en profite tout en gardant à l’esprit qu’il nous reste encore la moitié du dénivelé et pas mal de distance. Bientôt les démineurs tournent à droite vers le Pic du Tourond, on reprend le traçage dans de la neige plaquée qui porte plus… ou moins !

Chaillol 4

Le sommet, pas tout près

A la Cabane des Parisiens on passe à l’abri du vent de nord qui nous vivifie depuis le col, on se prépare à avoir chaud dans la face sud. Mais en fait c’est du chaud-froid quand les bourrasques nous rattrapent, faut être flexible dans la gestion des fringues. Le dernier plateau sous le sommet est même bien polaire avec le vent qui balaie la neige.

Chaillol 6

Ambiance vivifiante

Sommet, le panorama est fabuleux avec tous les grands sommets des Ecrins alignés comme à la parade. On en profite… mais pas trop longtemps quand même.

Chaillol 7

 

Bam ! Vous nous reconnaissez ???

Les spliteux trouvent des ressources insoupçonnées pour assembler leur planche en un temps record, c’est étonnant les capacités d’adaptation humaines face à la nature hostile ! C'est même carrément fou, quand on y pense ! Une fois partis, ils laissent les skieurs se débrouiller avec une neige changeante, entre excellentes accumulations et carton battu, et même de traîtresses dents de la neige bien cachées dans la poudreuse. Heureusement, les vitesses s’équilibrent avec les traversées entre les cols.

Il est tôt et il ne reste plus que la descente dans la poudreuse qui reste froide sous le col, on peut donc s’offrir une bonne pause devant le chalet au soleil, et même, après en avoir fini, tirer une mousse sur le parking ; on est larges pour rentrer à temps !

Chaillol 8

 

The King Fab' et sa suite

Après une belle journée en montagne comme ça, sans accroc, au soleil et avec une bonne neige froide, on se dit que si ça continue, ça va être dur de trouver des guenillages dignes de la guenille d’or 2021. C'est même peut être ça qui est vraiment dangereux pour la communauté, davantage que l'introduction en masse de variants bipèdes plus contagieux que le virus du split. Que vont devenir les guenilles s'il n'y a pas de guenillages ? Qu'est-ce qu'on va pouvoir se raconter au bar : on ne va quand même pas se donner les chronos d'ascension, ni parler matos, non ?

Heureusement, en matière de guenillage, pendant ce temps-là d’autres équipes s’y employaient (non, même sous la torture je ne parlerais pas).

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